Deux mea culpa en l’espace de quinze jours, l’annonce de concessions faites aux joueurs, Bielsa a-t-il autant changé en quelques jours ?
Vendredi 13h00, traverse de La Martine. Devant l’entrée de La Commanderie un –petit – groupe de supporters a déployé une banderole de soutien à « San Marcelo » Bielsa, comme ils le nomment et qu’ils ne veulent pas voir partir à la fin de la saison.
14h00, en conférence de presse, Bielsa sourit à sa canonisation et se dit touché de l’intention, avant d’entamer un nouveau mea culpa, le deuxième en 15 jours.
Les supporters ont-ils senti le coach argentin à ce point dépressif qu’ils soient venus lui témoigner leur soutien ?
Bielsa a-t-il a ce point souffert de la mauvaise passe traversée par son groupe depuis deux mois ?
Face à la presse, les yeux baissés – ça c’est pas nouveau – l’ait presque gêné, il explique ses concessions aux joueurs, l’autogestion du groupe qui est « la priorité ».
Et puis, enfourchant le cheval qu’il avait déjà sellé la semaine dernière, le voilà se définissant comme un entraineur « médiocre » : Admettre qu’il faut varier les outils exige d’accepter la diminution de l’estime de soi qui dans mon cas était peut être surdimensionné par la valorisation externe qui se faisait de mon travail, commente-t-il. Moi, j’ai toujours su que j’étais moyen et médiocre. Je tiens à dire que je savais que beaucoup de ce que j’utilise comme méthode produit des effets non désirés. »
Et dans la foulée, il demande à changer de thème d’interview, parce que « continuer sur ce thème ne ferait qu’amoindrir son autorité »…
Sauf qu’en entamant le sujet de l’autogestion, Bielsa répond, comme il en est coutumier à une question qu’on ne lui a pas posé. Autant dire qu’il a choisi et le sujet et la posture.
Pourquoi ce solo de violon ?
Avoir toute les réponses à cette question équivaudrait à habiter dans sa tête, et je préfère vous renvoyer à une phrase célèbre de Coluche.
Mais il y a plusieurs constats que l’on peut déjà faire.
Le premier évidemment c’est que Bielsa à l’art d’attirer la lumière et que ce faisant il laisse aux joueurs la part d’ombre nécessaire à leur concentration. Depuis maintenant quinze jours les commentaires n’évoquent que les mea culpa du coach marseillais, laissant de côté les débats sur les individualités marseillaises. Même Aulas, pourtant si habile a monopoliser l’intérêt des média avant un grand rendez-vous de son club est passé au second plan dans les plans média de la semaine.
De ce point de vue, l’exposition médiatique que s’est donné Bielsa touche presque à l’artistique puisqu’elle protège les joueurs.
Mais on notera au passage que bien loin de l’affaiblir, la situation lui donnerait même le beau rôle.
Sur le plan de l’efficacité, puisque au moment où il dit avoir lâché du lest, l’OM n’avait jamais aussi bien appliqué la méthode Bielsa depuis deux mois. Et dans le schéma tactique qui a toujours eu ses faveurs.
Le beau rôle aussi sur le plan moral puisque cet homme dont on stigmatisait la rudesse et un certain manque d’humaniste vient à Canossa publiquement, avouer ses pêchés d’orgueil et accepte de mettre son projet en sommeil pour le bien de tous.
Bielsa le consent, la balle est dans le camp de Vincent Labrune