C’est assez rare pour être souligné, Marcelo Bielsa n’a pas donné mercredi son onze de départ pour affronter Caen Vendredi au Vélodrome. Pas en raison d’incertitudes sur l’état de santé de tel ou tel de ses joueurs. De ce côté là, malheureusement, la situation est claire : opéré lundi du genou, Nicolas Nkoulou sera absent entre six et huit semaines. Absent aussi Barrada, opéré, lui aussi, d’une pubalgie. Enfin Mario Lemina, qui purge son dernier match de suspension.
En revanche, le coach pourrait bien remettre en cause l’un de ses principes les plus constants depuis le début de saison : « on ne change pas une équipe ! ». Pendant un temps, Bielsa a cherché au sein de ce qu’on pourrait appeler son onze majeur les solutions au coup de mou de son équipe. Pour être tout a fait honnête, entre les blessés, la CAN et l’inexpérience d’une partie de son banc, il n’a pas toujours eu un grand choix. Il aura fallu l’urgence de la situation et le retour d’Ayew pour qu’El loco se décide à donner un grand coup de pied à ses habitudes. A deux reprises, le repositionnement du ghanéen au poste de relayeur a apporté au groupe des possibilités qu’il n’avait plus depuis janvier.
Certes, Payet a raison de souligner l’apport du travail d’Imbula en début de saison : « Beaucoup de mes passes décisives cette saison, confie-t-il à nos confrères de France Football, sont venues parce que celle de “Gian” avait auparavant brisé une ligne. Il est la première lame, moi, la seconde. Sa transmission en éliminant trois joueurs me donne le temps d’ajuster ensuite la mienne, le temps de réfléchir ». Le problème c’est que les adversaires ont compris qu’il fallait briser cet axe Imbula-Payet pour perturber la création marseillaise. Intercalé entre les deux, le fils d’Abédi, a rétabli la circulation du ballon. C’est sans aucun doute la solution que cherchait Bielsa – il avait même essayé avec Lemina mais sans résultat- et il y a fort à parier que Dédé Ayew débutera la rencontre vendredi au poste de milieu relayeur. « Ce n’est pas un poste étranger pour lui, disait le coach lors de la conf de presse d’avant match. Il en a les caractéristiques. C’est une option que je considère, quelque chose auquel je pense ».
Bousculer des hiérarchies ?
L’autre avantage de se repositionnement c’est qu’il libère une place sur le côté gauche. On y a trouvé Thauvin plus à l’aise en fin de match contre Reims. Alessandrini a été décisif dimanche à Geoffroy-Guichard. Mais il sait bien qu’il n’est pas le premier choix du coach : » On sent qu’il y a une hiérarchie sur les côtés, tout le monde le voit, admet-il en conférence de presse. Toutes les semaines, on essaye de montrer qu’on est là(…) Je vais tout donner ces deux jours pour faire changer d’avis le coach ».
Mais la titularisation du minot des Chartreux peut aussi dépendre du choix de l’avant Centre. Batshuayi a crevé l’écran dimanche soir. André-Pierre Gignac qu’on a vu souffrant est totalement rétabli. Mais le jeune belge a bien mérité d’être revu vendredi et les deux (n’en déplaise à la Ligue ) passes décisives de Romain plaide pour la reconduite de l’association.
Reste une question, difficile à évoquer compte tenu du peu de solutions réellement satisfaisantes : Jérémy Morel est sous le coup de deux avertissements et le prochain priverait l’OM de sa présence contre Lyon. La sagesse aurait peut-être voulue qu’on le préserve pour recevoir le leader dans les meilleures conditions. Mais Marcelo Bielsa en a t-il les moyens ?
Antonin VIAN, à Marseille
