Non , les hommes de Bielsa ne seront pas les invités de Michel Drucker. Ils ont juste rendez-vous avec leur premier test.
Alors, on en parle ? Comment ça de quoi ? Certainement pas de l’intérêt de suivre un match assis sur une glacière, surtout depuis que les bancs de touche sont en cuir rembourré. Pas non plus de l’odieux kidnapping d’un gamin de 16 ans, lâchement arraché à l’affection de son jumeau, le temps de lui faire avouer que « Labrune est un génie ».
L’info de la semaine, ce n’est même pas cette nouvelle déclaration de Bielsa laissant entendre qu’il aurait déjà décidé de quitter le club à la fin de la saison… Dans ce domaine on maintenant compris qu’on n’est pas au bout de nos surprises.
Mais la vraie surprise, c’est que l’OM est leader de la ligue 1 depuis samedi dernier. Et ça faisait un bail que ça n’était plus arrivé. La dernière fois c’était pour une petite semaine le 24 aout 2013. Quasiment un accident au regard de la saison qui a suivi.
Et voilà qu’après un démarrage mitigé, l’OM vient d’enchainer cinq victoires et s’installe pour la deuxième journée consécutive en tête du classement.
Mais surtout au fil des matches, l’affaire prend tournure.
Oui le rodage a été compliqué. D’abord parce que coupe du monde oblige, tous les cadres marseillais n’ont pas débuté la saison au même niveau de forme. Ensuite parce que, quoi qu’on en dise, le 3-3-3-1 de l’entraineur argentin a donné quelques indigestions aux Marseillais. Des boulevards sur les côtés, un Gianni Imbula fort peu à l’aise dans un rôle de sentinelle, et voilà l’OM qui se trimballe une petite Samsonite au bout de deux journées seulement.
Les phocéens reviennent alors à un schéma qu’ils maitrisent mieux en 4-2-3-1 et commencent à enchainer les victoires, au prix d’une solidarité et d’un travail collectif qui lui a trop souvent fait défaut dans les dernières saisons.
Un joueur décisif par ligne
Surtout que dans le même temps, on retrouve dans chaque ligne au moins un joueur décisif. A commencer par Steve Mandanda qui a confirmé lors de ces dernières journées qu’il avait retrouvé son explosivité.
C’est encore plus vrai de Nico Nkoulou, ombre de lui-même toute la saison dernière et qui s’affirme en vrai patron depuis la reprise.
Au milieu, Payet visiblement libéré de son syndrome Valbuena n’est toujours pas devenu un coureur de fond, mais il fait admirablement jouer ses partenaires et aligne les passes justes avec une étonnante facilité. Et Dédé Gignac, plus affuté que jamais profite de tout ce travail : huit buts depuis la reprise dont trois doublés…
Et on pourrait encore citer un Jérémy Morel recyclé avec bonheur dans l’axe central et qui recommence à apprécier les applaudissements après avoir essuyé tant de grogne et de sifflets. Ou encore un Romao qui permet à Imbula de mieux s’exprimer dans la création du jeu.
On voit déjà une marque Bielsa, dans la solidarité, le pressing haut, le replacement défensif immédiat, un jeu toujours tourné vers l’avant, la rigueur. Comme en d’autres temps on a vu une marque Deschamps, ou une marque Baup.
Un match référence
Avec cette nouvelle victoire à Reims, les superlatifs ont commencé à tomber : « Impressionnant », « puissant »… les supporters debout, scandent le nom de Bielsa, quelques torches humaines (supporters ou journalistes prompts à s’enflammer) parlent déjà du titre…
D’autres, appelez-les prudents, avisés, rabat-joie ou pisse-vinaigre ont déjà sorti la lance à incendie : pour l’instant, disent-ils l’OM n’a pas battu grand monde. Et ce n’est faire injure à personne que de considérer que Guingamp, Nice, Evian, Rennes et Reims ne font pas partie du gotha national. Sans doute, nombre de ces clubs ont donné des sueurs froides aux Marseillais la saison dernière. Mais ce n’est pas suffisant pour parier sur un parcours de champion.
L’OM progresse, c’est indéniable, chaque semaine. Mais il lui manque toujours le match référence, celui où on pourra réellement et valablement savoir où en est cet OM-là.
Et pour tout dire, ce match référence, il arrive. Face à un Saint-Etienne qui s’est désormais installé dans le groupe référent de la ligue 1, face à un entraineur qui – comme Rolland Courbis- connaît Marseille sur le bout des doigts, l’OM de Marcello Bielsa a enfin l’occasion de se tester grandeur nature.
Au delà de l’anecdote, un OM qui resterait leader dimanche soir aurait sans doute frapper un grand coup. Peut-être pas pour le titre mais pour la confiance.
Antonin VIAN, Journaliste à Marseille