Ancien joueur de l’Olympique de Marseille devenu entraîneur, Habib Beye s’est exprimé sur un sujet épineux en France depuis quelques semaines : le ramadan dans le football.
Le ramadan a débuté il y a presque deux semaines pour les musulmans. Cela concerne quelques joueurs en France et en Ligue 1 mais pourtant, la FFF et la LFP ont été intransigeants à ce sujet : pas de pause pour couper le jeûne durant les matchs et l’interdiction de pratiquer le ramadan pour les joueurs étant appelés avec les Bleus, peu importe la catégorie. Forcément, ces décisions ont créé du débat.
On stigmatise cette religion et on met les gens dans des cases, on est en train de diviser, alors qu’on devrait unir autour de cette logique de religion et de partage
Interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse après un match qui opposait le Red Star à Nancy, le coach Habib Beye s’est exprimé. L’ancien joueur de l’OM dénonce une discrimination religieuse et explique comment il gère cette période avec son équipe :
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« Ma position, c’est que je respecte vraiment la foi de mes joueurs, quelle qu’elle soit. J’ai des joueurs qui font le carême en ce moment, c’est 46 jours, c’est différent dans l’approche de cette religion. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne voit que les inconvénients. Moi, je ne vois que les avantages. Ça crée de la cohésion, des discussions, une solidarité que, peut-être, les gens ne voient pas sur un terrain de football. Quand on a recruté nos joueurs on savait qui ils étaient humainement, quelle religion ils pratiquaient, on ne s’est pas réveillé la veille du ramadan, rappelle l’ancien défenseur. Notre job, c’est de les accompagner. Ce que je vois, c’est très dur à lire et à entendre. J’appelle ça de la discrimination religieuse (…) parce que si on le fait sur une religion, il faut le faire sur toutes les religions, et ce n’est pas le cas aujourd’hui (…) On stigmatise cette religion et on met les gens dans des cases, on est en train de diviser, alors qu’on devrait unir autour de cette logique de religion et de partage. Ce que je vois, ce sont mes joueurs qui jeûnent, à côté de joueurs qui ne jeûnent pas, il y a un échange, ça rigole, ils partagent les mêmes moments et ça, j’appelle ça de la cohésion (…) Je suis très fier que mes joueurs se retrouvent dans leur foi, quelle qu’elle soit. Ce qui me dérange, c’est de penser que des joueurs ne sont pas performants parce qu’ils font le ramadan. Quand vous regardez mon équipe, aujourd’hui, j’en ai 14 [qui font le ramadan] et 5 qui font le carême. Sur un groupe de 26 joueurs, j’ai 19 joueurs qui sont impliqués dans une religion qui amène à jeûner (…) Ce dont on ne se rend pas compte, c’est qu’à ce moment-là ils se retrouvent avec eux-mêmes, c’est une force supplémentaire pour eux. En aucun cas, mon équipe est impactée par le ramadan ou une autre religion et vous l’avez vu ce soir. J’ai 14 joueurs qui font le ramadan, 6 étaient sur le terrain, qui ont jeûné et coupé le jeûne à 19h10, le match étant à 19h30. Vous avez vu le match de Merwan (Ifnaoui, joueur du Red Star) ? Ça vous donne la réponse à la problématique que tout le monde expose aujourd’hui. »