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Mémoires OM : Jairzinho et Paulo César, les disciples du « Roi Pelé » à Marseille

Par La Redaction FCM - Publié le - Mis à jour le
Brazil World Cup Team. Back Row L-R: Carlos Alberto, Brito, Wilson Piazza, Felix, Clodoaldo, Everaldo, Mario Zagalo. Front Row L-R: Jairzinho, Roberto Rivelino, Tostao, Pele, Paulo Cesar Photo by Icon Sport

Au cours de l’été 1974, l’Olympique de Marseille perd ses deux attaquant vedettes, Josip Skoblar et Roger Magnusson. Fernand Méric, président de l’OM à l’époque, est un grand fan du football brésilien et rêve de voir l’un des champions du monde 1970 débarquer dans son club. Le dirigeant olympien a fait fortune dans le cinéma et ses moyens sont à la hauteur de ses ambitions. Finalement, il ne fera pas venir un, mais deux champions du monde auriverde.

En août 1974, l’OM met tout d’abord la main sur le spectaculaire attaquant, Paulo César, 25 ans à l’époque pour 600 000 dollars. Puis en octobre de la même année, l’OM réussit « le coup du siècle » en ramenant l’idole de Botafogo, Jairzinho. « Petit Jair » est à cette époque, une star du football mondial et le bras droit de Pelé avec le Brésil depuis plusieurs années. Après 14 ans passés à Botafogo, l’ailier arrivait en fin de contrat avec le club carioca. À 30 ans, il était l’heure pour lui de découvrir l’Europe et c’est Paulo César, lui-même, qui est venu le convaincre de le rejoindre à Marseille : « Paulo César, c’est mon frère. Nous avons connu beaucoup de choses formidables ensemble, avec Botafogo et la Seleção. Marseille me voulait, alors, Paulo a pris son téléphone et m’a demandé de le rejoindre. Il est même venu ici, à Rio, pour me convaincre », expliquait Jairzinho à France Football.

Si proches, mais si différents…

À leurs arrivées, les deux joueurs sont accueillis comme des rockstars à l’aéroport de Marignane. Pour ses deux premiers mois seul à Marseille, Paulo César, fidèle à lui-même, écume tous les bars et les boîtes de nuits de la ville. Lorsqu’il arrive enfin à Marseille, deux mois après « Caju », « Petit Jair » s’installe proche de chez son ami et les deux Brésiliens ne se lâchent plus. Jairzinho est lui beaucoup plus calme et réservé que celui qu’il considère comme son petit frère. Il partage tout de même son goût pour la bonne nourriture, ils vont régulièrement manger ensemble dans Marseille et tombent, tous deux, rapidement amoureux de la cité phocéenne.

Paulo César est encore aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands talents de l’histoire du foot brésilien, l’un des plus gros gâchis, aussi. Un joueur exceptionnel qui comme beaucoup de ses compatriotes, avait un goût un peu trop prononcé pour la fête et les sorties nocturnes. Son manque de sérieux fait de lui le joueur qu’il est, aussi irrégulier que fantastique, aussi frustrant qu’admirable. Le bilan sportif du brésilien à l’OM est contrasté, réussi certes, mais pas aussi mémorable qu’il aurait dû. Les boîtes de nuit de Marseille, elles, se souviennent encore de son passage.

Jairzinho, lui, est un bosseur, un grand professionnel. Pour Jair, la priorité, c’était le football, après quelques match seulement, il devient la tête d’affiche du championnat de France. Dès son premier entraînement avec l’Olympique de Marseille, 10 000 curieux s’attroupent autour de la Commanderie pour venir observer le phénomène. Dès ses premiers matchs, son impact se fait immédiatement ressentir et l’équipe joue mieux lorsque le Brésilien est sur le terrain. Malheureusement, il se blesse aux adducteurs assez rapidement et se retrouve écarté des terrains pendant deux mois. Pendant sa convalescence, l’homme qui a marqué 7 buts en 6 matchs pendant la Coupe du Monde 1970, prend le temps de s’acclimater à sa nouvelle ville et à son retour, son duo avec César éblouit la France.

 

Un premier match à la hauteur des attentes

Le duo dispute son premier match, le 18 octobre 1974 au stade Vélodrome face à Monaco. Dès ses premiers ballons, Jairzinho montre qu’il n’est pas venu à Marseille pour faire du tourisme. Du haut de ses 30 ans, le « Furaçao »  n’a rien perdu, sa pointe de vitesse et ses qualités techniques sont toujours là. Les automatismes avec son compatriote aussi, dans cette victoire 4-1, les deux Brésiliens sont impliqués sur 3 des 4 buts marseillais. Paulo César ouvre le score sur une passe décisive de Jairzinho, avant de marquer un pénalty. En fin de match, celui qui se fait désormais appeler  » Le Grand Jaja » par les supporters marseillais scelle la victoire olympienne, en inscrivant son premier but sous le maillot blanc et bleu.

Une fin abrupte, des regrets éternels…

Les deux brésiliens réalisent une saison 1974/1975 magnifique, auteurs de 30 buts au total, ils n’arrivent cependant pas à mener l’OM vers le titre de champion de France. Cette année-là, Saint-Étienne est intouchable mais l’histoire aurait pu et aurait dû ne pas s’arrêter en si bon chemin. Malheureusement pour les supporters olympiens, le 13 mai 1975, dans une défaite en Coupe de France face au Paris Saint-Germain, l’arbitre du match se fait chahuter par des joueurs marseillais, et l’officiel désigne deux coupables : Paulo César et Jairzinho. Le premier est suspendu pour deux ans dont un avec sursis, tandis que le second est sanctionné par quatre matchs de suspension fermes. Déçus, les Brésiliens décident de quitter Marseille et de rentrer au pays.

Un crève coeur pour les supporters de l’OM, autant que pour les champions du monde auriverde. L’histoire d’amour semblait si belle et laissera pour toujours un goût d’inachevé. Presque 50 ans plus tard, Paulo César confiera pour nos confrères de Canal +, que quitter l’OM avait été une erreur et que c’était l’un des grands regrets de sa carrière. Pour Jairzinho, la séparation fut difficile, il disait avoir trouvé « une famille » à Marseille. L’enfant du Botafogo, club pour lequel il a joué 17 années, garde un souvenir spécial de l’Olympique de Marseille, il avouera plus tard au journal L’Équipe : « L’OM reste ma seconde équipe de coeur. »

Personne ne peut refaire l’histoire, mais en débarquant à Marseille, Jairzinho et Paulo César ont écrit celle du championnat de France. Même si 49 ans plus tard, certains l’ont oublié, les deux Brésiliens resteront « à jamais les premiers » champions du monde à avoir porté le maillot d’un club français.

Tom Ornaque

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