Marseillais et Niçois n’ont pas été épargnés et ont chacun pris pour leur grade, ce mercredi soir. Néanmoins, l’exemplarité des sanctions, voulue par de nombreux spécialistes, est bien loin. Le journaliste de L’Equipe, Vincent Duluc, à travers son édito, explique que le LFP n’a pas été assez ferme et laisse trop de portes ouvertes. D’un côté comme de l’autre…
Les sanctions sont tombés concernant le triste Nice-OM. Retrait de points pour Nice, huit-clos, suspension pour Payet et Alvaro mais surtout un match à rejouer sur terrain neutre. Des décisions trop lourdes ou pas assez, chacun aura son opinion. Il n’en reste pas moins que certains attendaient des sanctions exemplaires. En tout cas, à la hauteur du caractère dramatique et inédit de l’évènement.
Il fallait être à la hauteur de l’émotion et de l’indignation – Vincent Duluc
Vincent Duluc quant à lui, le journaliste de l’Equipe à la plume si célèbre, répond dans le titre de son édito du quotidien. « Pas à la hauteur ». Pour argumenter, il dégage quatre points. D’ailleurs, selon lui, la commission de discipline n’a été la hauteur sur quasiment aucun d’entre eux.
« Il ne fallait pas, même si l’OM pouvait avoir moralement raison, qu’une équipe menée au score prenne prétexte d’incidents pour refuser de reprendre le match et demander la victoire sur le tapis vert. Il ne fallait pas qu’un joueur puisse renvoyer impunément des projectiles vers le public, un geste tabou dans un sport où les joueurs savent très bien que la réaction est parfois punie autant que l’action. Il ne fallait pas qu’un club responsable de la sécurité du stade et de ses supporters puisse avoir match gagné un soir où l’intégrité des joueurs adverses a été aussi directement et violemment menacée. Mais il fallait être à la hauteur de l’émotion et de l’indignation générales, ce soir-là. » Vincent Duluc – Source : L’Equipe (09/09/2021)
A défaut de vraies sanctions, seulement des « demi-mesures »
Pour le journaliste, la commission de la LFP « a failli dans la plupart » de ces quatre domaines. La raison serait qu’elle laisse trop de portes ouvertes. Entendons par là, que sur certains points les sanctions ne sont pas assez fermes pour dissuader.
« Dans cette série de demi-mesures qui donnent une impression de faiblesse, ou de renoncement, la commission de discipline a pris des risques considérables pour l’avenir. Trois matches à huis clos dont un délocalisé pour Nice : c’est cela frapper fort ? Payet quasi blanchi pour son double jet de projectile dans le public, au prétexte que sa réaction serait compréhensible face à la douleur : c’est autorisé si l’objet initialement reçu fait très mal, mais s’il fait un peu mal seulement, le joueur sera puni pour le même geste ? Même chose pour le refus de reprendre le match quand on est mené au score : où placer le curseur face au sentiment d’insécurité, et comment gérer ce précédent quand des supporters visiteurs menés au score chercheront le chaos ? » Vincent Duluc – Source : L’Equipe (09/09/2021)
Personne n’a fait appel
En clair, la commission aurait été trop frileuse sur ce dossier. De plus, le message envoyé au monde du football n’est pas assez fort pour exercer « son devoir d’exemplarité », comme le souhaitait également Jacques Cardoze, directeur de la communication de l’OM.
« La commission n’a pas réellement puni les clubs, ni appliqué son règlement. Sa réponse à l’envahissement du terrain est de laisser à Nice une chance de prendre deux points au lieu de trois dans son match contre l’OM. Sa réponse au refus de reprendre le jeu de l’OM, ce que le règlement punit, est de lui donner quatre-vingt-dix minutes pour prendre trois points en partant de 0-0, au lieu d’un quart d’heure en étant mené 0-1. (…) Il fallait annoncer à la France du football que ce qui s’était passé était inacceptable et ne devait jamais se reproduire. La commission de discipline a préféré faire savoir qu’elle comprenait équitablement les victimes et les coupables. Elle a cherché un verdict vaguement populaire. Mais ce n’est pas ainsi qu’on maintient les valeurs d’une compétition, et que l’on restaure une image que cette soirée-là, dans toute l’Europe, avait gravement abîmée. » Vincent Duluc – Source : L’Equipe (09/09/2021)
En tout cas, le match se rejouera bien sur un terrain neutre. A l’heure actuelle, personne n’a fait encore appel de cette décision. Le jour et l’heure de cet Nice-OM second acte seront annoncés ultérieurement par la commission des compétitions de la Ligue.