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LE DIABLE NE GAGNE JAMAIS !

Par Thierry Audibert - Mis à jour le - Publié le
Jacques Henri Eyraud - McCourt
Jacques Henri Eyraud - McCourt
Jacques Henri Eyraud et Frank McCourt Ligue 1 - Olympique de Marseille -

Combat le diable avec cette chose qu’on appelle l’amour.
Bob Marley

Voilà vé, il y a des soirs et des matins où tu as envie de tout fermer. Ne plus rien lire, ni rien entendre, te retirer de tout pour ne plus avoir à te situer où que ce soit. Faire le vide et vivre au milieu.
 
Nous avons vu dimanche comment une initiative de supporters olympiens venus à la Commanderie se rappeler au bon souvenir du président et des joueurs de leur équipe, a été transformée par les grands médias en spectacle effroyable et monstrueux.
 
Saisissante ouverture du journal de 13h de TF1 dimanche.
 
Des salauds qui savent très bien ce qu’ils font, ont osé traité sur le même plan une manifestation d’une poignée de supporters qui avaient bravé les éléments, il pleuvait et ça caillait samedi à Marseille, sur le même plan et avec presque les mêmes adjectifs qu’une attaque terroriste à la kalachnikov.
 

Méconnaissance du contexte

 
Les images n’ont pu marquer les esprits que de ceux qui ne fréquentent jamais les stades et les avant-match.
 
Les fumigènes et les pétards donnent toujours une impression de grand oaï, d’émeute, de révolution. Ça sent la poudre, ça tonne de tous les côtés, ça siffle à vos oreilles et vous revivez les sensations des grognards de Napoléon au plus fort de la bataille d’Austerlitz. C’est une expérience. Les Ultras de toute l’Europe adorent créer cette atmosphère.
 
Ils sont habillés tout en noir pour se ressembler et échapper à l’identification, capuche, écharpe, ils ont l’air menaçants mais c’est juste pour ne pas prendre de prune quand ils manient des fumis incandescents et interdits. Nos supporters n’ont jamais tué personne.
 

Certains ont déconné

 
La police dépêchée pour intervenir sur place semble être arrivée après la bataille pour ne choper que des pauvres mecs dont certains se sont juste fait le plaisir d’entrer, pas tous, dans le saint des saints, à la porte duquel ils se contentent habituellement de se tenir. La plupart viennent de loin. Ce sont des supporters qui aiment la communion bleue et blanche que procurent les déplacements de l’équipe dans tous les stades du continent, l’amour de l’OM chevillé au corps et au coeur.
 
Sur les 300 ou 400 qui étaient là pour remonter la traverse de La Martine jusqu’au portail de la Commanderie derrière une banderole, seule une poignée d’entre eux a franchi les limites de la propriété, et une infime minorité encore s’est laissée aller à jeter des projectiles. Par manque de maîtrise de soi, par goût de la transgression sous poussée d’adrénaline, par un mécanisme d’entrainement absurde bien connu des observateurs de mouvements de foule. Ce ne sont ni des ennemis publics numéro un, ni des individus sans foi ni loi. Ils se sont laissés aller. Ils ont déconné, oui.
 
« Je condamne ces actes de violence » aura-t-on souvent entendu de la bouche de n’importe qui, voilà qui m’a souvent agacé. « Je ne cautionne pas, c’est inacceptable »… voilà bien des phrases que je me suis refusé à prononcer. Je ne suis ni juge ni procureur.
 

Un bilan à relativiser

 
Il y avait dans cette assemblée en colère des gaillards qui peuvent allonger un homme normalement constitué avec juste une simple gifle. Ils n’ont peur de rien ni de personne mais ils ont le cœur sur la main. Et samedi, ils n’ont blessé ni tué personne. Les dégradations ? Leur relevé semble bien mince au regard de ce que le président de l’Olympique de Marseille a annoncé aux médias. Deux ou trois vitres cassées, trois ou quatre arbres calcinés par des étincelles perdues, une voiture de police bugnée (elles le sont souvent, misère des budgets).
 
On a cherché à faire d’une manifestation d’amoureux maladroits de leur club, un théâtre d’horreur orchestré en vue de crimes contre l’humanité. Je pose la question : entre ceux qui ont commis un petit dérapage laissant par terre des cendres et quelques éclats de verre, et ceux qui ont osé livrer à la population cette manipulation malsaine, qui déconne le plus ?
 
Mon ami Philippe Subrini, grand ami des rappeurs, me rappelait hier comment le tournage d’un clip de Naps auquel il assistait du côté d’Air Bel, s’était transformé dans les médias en attaque du TGV Marseille-Nice qui passait à ce moment-là.
 

Le diable ne gagne jamais

 
Ce sur-traitement de ce qui ne sera plus vu dans quelques années que comme une péripétie folklorique, aboutit à une justice pour l’exemple et huit pauvres bougres au casier judiciaire vierge obligés de passer la nuit aux Baumettes comme des grands criminels.
 
Un homme maléfique a fait jouer ses réseaux pour s’ouvrir l’accès aux médias, et tant pis si on est pas sûrs que ceux qui courent le moins vite soient vraiment les plus virulents à l’oeuvre samedi. C’est uniquement lui qu’ils ont choisi d’entendre. Diabolique.
 
Heureusement que même au milieu du vide, se comptant au nombre des optimistes, il est bon de penser qu’à la fin le diable ne gagne jamais.
 
Vive le grand Roger Magnusson !
 
Thierry B Audibert
 
 

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