Pilier du Marseille Champions Podcast, Yannis publiera désormais, à l’envie, à l’inspiration, ses billets sur l’OM sur Football Club de Marseille…
« On n’est pas encore revenu du pays des mystères
Il y a qu’on est entré là sans avoir vu de la lumière »
Dans cette saison au contexte si particulier, cet OM version AVB sème à la fois le doute, le désarroi et l’ennui dans le cœur de ses supporters. Pourtant le coach portugais persiste à faire face aux critiques pour préserver son groupe. Agacé et de plus en plus sur la défensive face à la presse, il transpirait de ses récentes déclarations une nervosité qu’on ne lui soupçonnait pas. Le bilan comptable est néanmoins flatteur. En Ligue 1, la course au podium semble plus ouverte que jamais et cet OM moribond semble avoir largement la capacité de s’y mêler.
Sept buts encaissés, aucun inscrit et un jeu indigne de l’histoire européenne du club marseillais, en trois matchs, l’OM d’André Villas-Boas vient de révéler son plafond de verre.
Le constat est cruel. La marche de la Ligue des Champions semble actuellement bien trop haute pour un club aussi irrégulier que l’OM. Au haut niveau, les erreurs ne pardonnent pas, et les supporters olympiens en ont eu l’amer rappel. En définitive, voir cet OM s’inviter en Champion’s League était bien un leurre. A l’enthousiasme procuré par la qualification a vite succédé la désillusion et le sentiment de ne pas se sentir réellement à notre place. L’histoire européenne de l’OM est très sinusoïdale. En témoigne l’épopée de 2018 et la finale perdue face à l’Atletico Madrid qui n’ont engendré, en l’absence de remise en question, qu’une saison totalement ratée pendant que certains adversaires comme le RB Leipzig se sont depuis installés en C1. Si l’effectif de l’OM est resté relativement stable, l’équipe manque
elle de continuité dans les performances.
« Y’a t’il un incendie prévu ce soir dans l’hémicycle
On dirait qu’il est temps pour nous d’envisager un autre cycle »
Aujourd’hui, une large partie du peuple olympien ne croit plus en André Villas-Boas. Les prestations indigestes successives du onze phocéen ont eu raison de leur patience. Avec la trêve internationale et le report du match de Nice, les olympiens ont eu le temps de travailler. Ils sont attendus au tournant. Car ce minimalisme et ces maigres résultats n’augurent pas d’une progression sportive à moyen terme. La saison dernière à pareille époque, les supporters olympiens ont su s’en accommoder. Mais l’appétit vient en mangeant et l’exigence s’est décuplée cette saison.
Beaucoup exigent d’AVB d’ajouter désormais la manière aux résultats – ou du moins un football plus protagoniste – ce qui, dans cette saison au calendrier démentiel et ce contexte particulier où le mental prend le pas sur tout le reste, me paraît quelque peu démesuré. Mais il y a également une différence entre un football minimaliste et le néant actuel, j’en conviens aussi aisément.
D’ailleurs, en scrutant l’histoire du club on peut légitimement se poser la question suivante : le jeu léché est-il l’ADN de l’OM ?
Difficile dès lors de répondre par l’affirmative tant ce n’est pas en produisant du beau football que l’OM a forgé ses plus belles victoires. Une identité sportive manque cruellement à notre club pour des raisons diverses et variées. Notre histoire est faite de cycles, de sommets et de passages à vide. L’OM, ce sont très souvent des équipes de perdants magnifiques et de vainqueurs minimalistes.
« L’OM qui joue, c’est l’OM qui perd en 89-90 et 90-91. Et c’est un OM clinique qui remporte la LDC en 1993. » me suggérait récemment @littleidiot72. Et ce n’est que pure vérité. Et c’est l’OM de de Didier Deschamps, 17 ans plus tard, tout en puissance et maîtrise mais de manière parfois ennuyeuse, qui redonnera aux supporters le goût de la victoire. L’OM de Rolland Courbis et Rudi Garcia proposaient en 1999 et 2018 un jeu plus attrayant que celui que nous voyons actuellement, dans des saisons au rythme effréné, jonglant sur deux tableaux. Mais cela ne les empêchera pas d’être giflés tous deux 3-0 en finale de C3 et de rater leur objectif en championnat. Quand au plus bel OM qu’il nous ait été donné de voir évoluer, celui dirigé par Marcelo Bielsa en 2014-2015, il résume à lui seul l’expression de « perdants magnifiques ».
A lire aussi :OM : Villas-Boas prêt à faire des ajustements ?
Gagner en jouant mal ou rater nos objectifs en jouant bien ? Ce débat, c’est en définitive toute notre histoire. Cette absence d’identité de jeu et ce manque d’exigence sur la façon dont joue l’OM est aussi ce qui explique l’irrégularité chronique de notre club. Il faut en avoir pleinement conscience. Tout comme il faut garder en tête que pour changer de dimension et progresser l’OM doit se frotter aux meilleures écuries en C1 chaque année.
Et si peu de clubs restent fidèles à une identité sportive tout au long de leur histoire, un coach doit insuffler une identité de jeu et poser les bases de succès futurs. Car les résultats à la petite semaine n’engendrent malheureusement que des victoires sans lendemain. En cela, AVB est fautif. Il s’est laissé happer par le pragmatisme nécessaire pour survivre en Ligue 1.
Sous le soleil ardent de la cité phocéenne, rien ne dure véritablement. L’OM et Marseille se reflètent là dans leur goût pour l’éphémère. Car c’est l’essence même de l’identité marseillaise que d’aimer savourer l’instant sans se soucier du lendemain.
Mais le contexte est pesant. Sevrés de titres, d’émotions et de stade, les amoureux de l’OM peinent à se faire entendre. Cette saison marque même un désintérêt croissant pour le football.
Aimer l’OM va peut-être au delà de l’amour du jeu, c’est aussi une question de fierté. Et il devient pénible de suivre les prestations d’AVB et ses hommes sur notre canapé une calculette à la main. L’Olympique de Marseille est une flamme qui se ravive et s’amenuise au gré des saisons. Il incombe désormais à ceux qui portent le maillot blanc de ne pas la laisser s’éteindre.
Yannis – @B_Yannis_