On lit souvent que comparée à nos voisins européens, la France n’est pas un pays de football. Et c’est vrai, le français en général, n’a pas la culture football de ses voisins italien, espagnol, allemand ou encore anglais, berceau de ce sport. Et pourtant, malgré un palmarès d’une équipe nationale qui est loin d’être ridicule, le spectateur français et encore plus le téléspectateur n’est pas attiré par l’histoire et la culture spécifique à ce sport.
Mediapro…amateur sur ce coup.
L’annonce du groupe Espagnol Mediapro, nouveau diffuseur de la Ligue UberEats depuis cette saison, a fait l’effet d’une onde de choc sans précédent dans le microcosme du football français professionnel. L’échéance d’un montant de 172 millions d’euros pour le mois d’octobre n’a pas été versée et pire, par la voix de son président Jaume Roures, le souhait de renégocier les droits d’un montant de 780 millions d’euros par an à la baisse a été exprimé.
Tous les observateurs et économistes du sport nous expliquent que de fait, la ligue professionnelle de football et donc les clubs se retrouvent dans une situation plus que compliquée économiquement. Effectivement, on imagine mal la LFP dénoncer le contrat et relancer un appel d’offre dans l’urgence en laissant les clubs sans revenu en attendant. Mais au-delà d’une issue favorable ou pas à cette crise, comment en sommes-nous arrivés à une telle extrémité et surtout comment se fait-il que contractuellement un diffuseur puisse mettre en péril toute l’économie d’un sport professionnel ?
Car il est à rappeler que la LFP, dans sa grande sagesse, n’a pas éprouvé le besoin de demander de garanties financières à Mediapro, derrière qui se cache un actionnaire chinois relativement nébuleux. Le prétexte avancé était qu’on n’en demandait pas à Bein sport auparavant, ni à Canal +, qui sont respectivement le Qatar d’un côté et le diffuseur historique du football professionnel en France de l’autre. Pire encore, en Italie, Mediapro avait également remporté l’appel d’offre de diffusion du Calcio. Et les italiens ont récusé Mediapro faute de garanties financières jugées suffisantes.
En écoutant Romain Molina, journaliste diffusant des vidéos sur sa chaine Youtube, on apprend même que l’UEFA savait et que le monde des médias et des gens qui tournent autour de ce genre d’affaires savaient que Mediapro avait des difficultés de trésorerie. Mediapro a donc parié sur une campagne massive d’abonnements lors du lancement de son produit en s’appuyant sur le match phare de notre Ligue 1, PSG/OM.
En fixant un prix prohibitif d’abonnement à 29,90€ pour voir de la Ligue 1, en lançant ce produit quasiment seulement une semaine à peine avant la reprise de la compétition, en ignorant même l’aspect du manque de culture football du public français et surtout en concluant des accords de diffusions avec les fournisseurs d’accès internet dans les derniers instants, il était évident que Mediapro, particulièrement amateur sur ce coup irait droit dans le mur.
Que va-t-il se passer ?
Donc nous voilà au pied du mur et pour le moment le groupe sino-espagnol n’a toujours pas versé pour Octobre le moindre euro.
Quelles sont donc les issues possibles à cette crise sans précédent du football français et qui va forcément laisser des gens sur le carreau ?
A/ Les chinois payent
Première solution, l’actionnaire chinois met la main au portefeuille et vient au secours de son entreprise. L’explication technique financière est trop compliquée à expliquer, je vous renvoie vers la chaine, là encore, de Romain Molina. A noter que le Qatar est déjà venu au secours de Mediapro, deux fois dans le passé. Et ce choix de Didier Quillot a été fait à l’époque car il n’était pas content de la revente de la Ligue 1 à l’international. Dans ce scénario, tout rentre dans l’ordre, mais la confiance entre les instances du football professionnel français et le diffuseur seront mises à mal et il est clair que l’atmosphère sur les quatre années du contrat sera lourde et les rapports compliqués en coulisse.
B/ Emprunt d’Etat
Deuxième solution, Mediapro ne paie pas et la LFP appelle l’état au secours et l’état décide de creuser encore un peu le déficit public pour sauver le football professionnel français qui accessoirement fait vivre tout le football amateur, car peu de gens le savent, mais le système est pyramidal. C’est le football professionnel qui reverse une grande partie de ce qui fait vivre le football amateur. Certes l’équipe de France et ses contrats juteux financent la FFF, mais la LFP aussi. Cette solution n’est valable qu’à la condition qu’une solution de sortie de crise soit trouvée avec Mediapro, mais quoi qu’il arrive, la LFP et les clubs perdront de l’argent par rapport à ce qui a été initialement signé. Je m’étonne d’ailleurs qu’il n’ait pas été prévu juridiquement ce cas de figure et normalement le défaut de paiement entraine des pénalités financières en règle générale. Peut-être que cette clause existe d’ailleurs, mais n’étant pas un spécialiste, je n’en ai aucune certitude.
C/ Canal et Bein, les pompiers de service
Les deux diffuseurs historiques de la Ligue 1 et notamment Canal +, décident de venir sauver le produit phare qu’ils ont perdu en 2018 lors de l’appel d’offre. Bien évidemment, ils ne mettront pas autant que Mediapro, mais les clubs acculés et endettés, avec leur président fraichement élu, Vincent Labrune, décident d’accepter l’aide de Boloré (entre Vincent, on se comprend) et du Qatar. Les clubs devront se serrer la ceinture, sans doute qu’il y aura des dégâts au niveau de la masse salariale des clubs professionnels et sans doute des répercussions sur le football amateur, sauf si la FFF décide de moins se gaver et de payer moins de gens à rien faire…mais ça c’est une autre histoire. Avantage de cette solution, car il y en a tout de même, c’est que Canal et Bein ont déjà des moyens de production en place pour diffuser les matchs et peut-être que négocier une prime à l’abonné pourrait s’envisager…mais bon, comme je le disais, je ne suis absolument pas un spécialiste, mais si j’étais la LFP, pour limiter la casse, c’est ce que je ferais. Canal et Bein ont perdu beaucoup d’abonnés et récupérer un pourcentage infime sur l’abonnement serait peut-être une solution acceptable pour les diffuseurs. Ça évite de payer un chèque en blanc.
D/ Les clubs récupèrent la négociation de leur droit.
Sans doute la pire des solutions…pour les petits clubs. Cette solution consisterait à redonner aux clubs le droit de négocier eux même leurs droits télé auprès des diffuseurs, soit par pack, soit match par match. Je vous avoue que cette idée ultra capitaliste du « chacun pour sa gueule », en tant que supporter du club le plus populaire en France a de quoi me séduire. Forcément, pour un club comme l’OM toujours ultra diffusé et générateur d’audiences assurées pour le diffuseur, c’est sans doute une façon de tirer son épingle du jeu. Mais quid des clubs moins populaires ? Qui va payer pour diffuser un Dijon/Angers ? A part France 3 Bourgogne et France 3 Anjou ? Attention, je ne veux pas faire injure à ces deux clubs, c’est juste pour l’exemple. Et j’en reviens à ce que je disais un peu plus haut, à savoir que la France n’est pas un pays de Football et même de sport en général. Les stades et gymnases de France souffrent d’une fréquentation pas assez importante pour que des diffuseurs prennent le risque de payer des matchs qui intéresseront peu de monde. Par ailleurs, pourquoi un club vendrait la diffusion de ses matchs alors même qu’il n’a pas réussi à vendre tous ses billets ? Et en cascade, ça serait la mort du foot amateur et donc du foot lui-même. Car ce système pyramidal auquel je faisais allusion fonctionne dans les deux sens. Le foot pro finance le foot amateur et le foot amateur forme et accueille la base de ce que sera le foot pro plus tard.
Le constat est donc terrible mais si nos instances ne trouvent pas de solutions rapidement, nos clubs ne pourront pas tenir longtemps sans les revenus de diffusion. Mais il est facile de parler après et il faut avouer que lors de l’annonce en 2018, du montant nouveau des droits TV qui dépassait au global pour la première fois le milliard d’euro – ce qui lorsqu’on y réfléchit est absolument pharaonique – tout le petit monde dans le microcosme du foot français, y compris les présidents de club, ont sablé le champagne et se sont tous félicités du travail de Didier Quillot. Mais c’était sans compter sur la Covid et cette satanée pandémie.
Mais il y a une chose qu’il faut reconnaitre, malgré tout, c’est la mentalité de gagne petit de notre football. Nous, supporters, avons notre club dans cette Ligue 1 et de fait, nous la voyons un peu avec les yeux de l’amour. Nous savons qu’elle est plutôt globalement nulle, trop physique et pas assez technique. Que beaucoup de clubs sont tellement dépendants des revenus que la L1 génère, qu’ils en oublient de jouer pour gagner et jouent souvent pour ne pas perdre, ce qui a tendance à nous livrer des matchs insipides et ennuyeux. Et quand on regarde en arrière, on s’aperçoit que tout a été fait à l’envers et il est pas si étonnant finalement d’en arriver là.
Pourquoi le foot français ne progresse pas ?
Pour les gens comme moi, nés dans les années 70 (qui a dit vieux ?!) et amoureux du foot des Platini, Maradona et tant d’autres, nous avons assisté, incapable d’agir, à la déliquescence du football français et à l’effondrement de ses valeurs. Ça peut paraitre exagéré, mais en fait c’est même en dessous de la réalité. Et pourtant certains groupes de supporters avaient vu ce qui se passait et le mauvais chemin que les choses prenaient. Malheureusement, la voix du supporter en France n’est pas écoutée et même pas consultée lorsqu’on prend des décisions les concernant. Mais ça, c’est encore un autre problème.
Le football français est mauvais…mais pas totalement. L’équipe de France continue d’être à un certain niveau. Mais à chaque fois que notre équipe nationale a eu des vrais résultats et un niveau de jeu plus que correct, c’est lorsque la quasi-totalité des joueurs évoluaient dans des championnats étrangers. C’est valable pour 98, 2000 et 2018. Le seul titre avec des joueurs évoluant en division 1 (nom de l’époque) c’est en 1984 en France – oui jouer à domicile, ça aide un peu – et ça c’était avant l’arrêt Bosman qui limitait le nombre de joueurs étrangers dans les clubs européens. L’Equipe de France, c’est l’arbre qui cache le désert technique dans lequel s’est engagé le football français…depuis qu’un certain Gérard Houiller est devenu DTN.
Maintenant, si on regarde les clubs sur la même période, quel est le palmarès ? L’OM dont la seule étoile brille dans la nuit du football hexagonal et…le néant ! Oh bien sûr, il y a eu quelques finales et quelques « épopées » comme on aime à les appeler lorsqu’un club va jusqu’en quart de finale. Ulysse a fait une épopée…Aller en quart de finale d’une Europa League c’est à peine un voyage Marseille-Bastia en pédalo…à moteur.
Avant, le joueur français était réputé comme technique, bon dans le maniement du ballon. Les bases du football, à savoir le contrôle, la passe et le dribble étaient les piliers de la formation française. Ce qui nous permettait, malgré un déficit physique, de développer un jeu agréable à regarder, basé sur un collectif important et la star était ce collectif, ce qui permettait à des individualités de se mettre en valeur. Et depuis Gérard Houiller, on a décrété que le nouveau standard devait être un joueur grand et physique, l’aisance technique ayant moins d’importance. De fait, les matchs de Ligue 1 se sont appauvris année après année, pour laisser place à des combats physiques d’un niveau technique digne des cours d’école. J’exagère un peu…mais à peine. Et ça ce n’est qu’un aspect du problème et des choses à changer.
Dans le même temps, il y a eu l’arrêt Bosman qui a changé la face du football européen. Prenons les grands clubs historiques que nous connaissons tous. L’Espagne avec le Real et le Barca, l’Italie avec la Juventus, Naples et la Roma, l’Allemagne avec le Bayern et l’Angleterre avec Manchester United et Liverpool. Ces clubs-là sont ce que nous appelons des clubs historiques de leur championnat respectif. Ce sont les piliers. Même si la vie d’un club est cyclique, eux, ne sont jamais loin du haut ou tout en haut.
Les anglais, inventeurs du jeu – faut-il le rappeler ? – à la suite du drame du Heysel et leur éviction des coupes européennes, en ont profité pour revoir tout leur modèle et leur façon de voir le football. Ils sont passés du sport football au foot spectacle. Et de façon très pragmatique, afin de virer les hooligan de leur stade, ils ont valorisé la Première League qui est devenue La Barclay’s Premiere League. Ils sont passés donc d’un championnat de football à l’élaboration d’un produit marketing en une dizaine d’années. Les allemands de leur côté, ont profité de l’organisation de la coupe du monde 2006 pour là aussi revoir l’aspect accueil des spectateurs. La fameuse « Fan expérience » dont on nous bassine les oreilles à longueur de temps.
La réflexion fut simple : Puisque maintenant on rentre dans une ère de football spectacle, il faut que le spectateur en ait pour son argent, donc qu’il soit le mieux installé possible, que le son soit audible, que le jeu proposé soit spectaculaire et pour qu’il le soit, il faut accepter l’idée dans les mentalités qu’un 5-4 c’est pareil qu’un 1-0 mais en mieux. Qu’un 3-3, c’est pareil qu’un 0-0 mais en mieux. Pour arriver à ça, il nous faut les meilleurs joueurs et entraineurs de la planète. Et le mouvement était enclenché. Marketer le football…fallait y penser. Le vieux con que je suis n’est pas pour, mais tant que le sport reste au-dessus, après tout pourquoi pas.
De fait, l’Italie et l’Espagne ont suivi le mouvement pour ne pas rester à la traine et comme ce sont des pays de football, les spectateurs et téléspectateurs ont été au rendez-vous. La mentalité du catenaccio italien a totalement disparu. Aujourd’hui dans le Calcio, ce sont des matchs agréables à regarder, où le spectacle est au rendez-vous.
Par la suite, l’UEFA a suivi le mouvement mis en route par les anglais et a créé la fameuse Ligue des champions et l’a amélioré au fil du temps, toujours dans le but de valoriser le produit football et le vendre toujours plus cher aux diffuseurs du monde entier.
Pendant ce temps-là, chez nous, on a fait l’inverse. On a dévalorisé le produit en proposant un jeu de gagne petit ou de « NE SURTOUT PAS PERDRE », tout en augmentant le prix de ce produit dévalorisé. On a donc créé une bulle qui finit par éclater à cause ou grâce au Covid et maintenant à Mediapro. Comment voulez-vous que dans un pays qui de base, n’a pas une grande culture sportive et footballistique, qui subit une crise depuis 2008, qui génère les gilets jaunes, les gens décident de mettre 30€ pour regarder un Metz-Angers ? ou un Dijon-Nice ? Je n’ai rien contre ces clubs et ça marche avec tous les clubs de Ligue 1, excepté le PSG qui là aussi, est l’arbre qui cache la forêt. Mais même le club Qatari, faute d’une vraie adversité, va s’économiser sur ces matchs-là et le spectacle ne sera pas au rendez-vous avec le seul club qui est rentré dans l’ère foot spectacle du fait des moyens de son propriétaire-état. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à fixer des prix prohibitifs pour les places des supporters adverses au parc. Et tous les clubs qui reçoivent le PSG augmentent le prix des places sèches.
Mais je vous vois venir avec vos gros sabots de lecteurs exigeants. Vous allez me dire : « Mais Tacle Glacé, tu fais le constat du pourquoi on en est là, mais quelles sont les solutions ? »
Quelles seraient les solutions ?
Alors autant vous dire tout de suite que le supporter de virage qui est en moi n’est absolument pas d’accord avec ce que le rédacteur amateur va écrire. Mais le rédacteur se doit de laisser de côté le supporter. C’est un peu schizophrène comme exercice mais comme disait Dépé avec sa voix éraillée : « C’est pour l’OM les gars ! »
Nous sommes rentrés, qu’on le veuille ou non dans l’ère du sport spectacle. Souvenez-vous comme nous avons eu des « Payet » plein les yeux (pour ceux et celles qui ont connu) à l’époque du Real de Florentino Perez et de ses Galactiques. C’est d’ailleurs lui qui a fait basculer l’Espagne dans la mouvance de l’Angleterre. L’époque du Barca qui régnait sur la planète football un peu plus tard. Tous ces moments de sport nous ont fait rêver. Et c’est la même chose pour tous les sports. Le sport est une compétition, bien sûr, mais au niveau du sport professionnel ça reste avant tout un spectacle. Et pour que le spectacle soit au rendez-vous, il faut permettre aux clubs d’évoluer en toute sérénité. Comme je l’ai évoqué auparavant, les clubs français sont trop dépendants des droits TV, il faut donc leur assurer des revenus pérennes. Et la seule manière de les leur assurer est de supprimer l’épée de Damoclès liée à l’incertitude des résultats.
Je vous assure que ça me fait mal au c…oeur d’écrire ça, mais le sport US, que beaucoup aiment parmi vous, a fait cette transition depuis bien des années déjà. Les Ligues sont fermées et les revenus pérennes quoi qu’il arrive.
Donc pourquoi ne pas envisager une super ligue des champions européennes avec les clubs historiques présents quoi qu’il arrive ? Et au niveau des championnats nationaux, une saison régulière et des play-off pour le titre comme pour les rétrogradations. Il est temps de faire rentrer le football français dans cette ère du football spectacle. Nos dirigeants ne peuvent plus demander aux supporters de payer de plus en plus cher pour regarder du foot, aux diffuseurs pour en montrer sans mettre en face un produit de qualité qui correspond au prix demandé. Prenons l’exemple du cinéma. Lorsqu’un producteur fait un film type Star War 12, il sait que la production va lui coûter un prix certain, mais il sait aussi que si le film est réussi, les spectateurs n’hésiteront pas à dépenser quasiment 30 € pour aller voir le film assis confortablement dans une salle de cinéma au son irréprochable, avec des lunettes 3D, avec une image de qualité etc. A partir du moment où on considère le sport comme un spectacle, il faut impérativement que le spectateur en ait pour son argent, sinon, ça ne peut pas fonctionner. Pourquoi croyez-vous que Nadal et Djokovic ne sont jamais programmés sur des courts annexes et toujours en fin de journée ? Pourquoi la publicité coute plus cher un soir de Superbowl ou de finale de coupe du monde ?
Alors, ça ne suffit pas de mettre en place des ligues fermées. Il faut aussi, dans le même temps, rationnaliser les dépenses. On ne peut plus aller dans cette surenchères aux salaires délirants de footballeurs. Cela n’est plus possible et même cela devient indécent depuis trop d’années. Alors, bien sûr j’entends l’argument : oui mais carrière courte et tel joueur va rentabiliser ce qu’on lui donne en vente de produits dérivés types maillots etc.
Mais lorsque des joueurs gagnent mensuellement sept fois le PIB du Lichtenstein et assurent leur vie sur cinquante-six générations, on dépasse l’entendement. Il faut donc mettre en place un salary cap. Un plafond qu’on ne peut pas dépasser, fixer en collaboration avec les joueurs et suffisamment élevé pour leur assurer une vie tranquille après leur carrière. Les clubs doivent réussir à faire des bénéfices sur la vente de produits dérivés. Aujourd’hui le football en France est un football de mécène. Bien entendu, il faudrait dans le même temps adapter une fiscalité propre aux sportifs professionnels. Ce qui pourrait faire baisser les charges sur les clubs et faciliter la compétitivité avec les voisins européens.
Parallèlement à ça, protéger encore mieux la formation. Prenons l’exemple de Michael Cuisance qui vient d’arriver à l’OM. Il a été formé en France, à l’AS Nancy-Lorraine et est parti à 17 ans au Borussia Mönchengladbach. Il n’a jamais joué en Ligue 1 et va la découvrir avec l’OM. C’est un peu aberrant comme situation.
Mais ce n’est pas la seule chose de complètement aberrante. Aujourd’hui des clubs préfèrent vendre moins cher leurs joueurs à des clubs étrangers que sur le marché français sous prétexte qu’on ne renforce pas un concurrent. Mais L’OM, le PSG ou Lyon ne doivent absolument pas être des concurrents de Reims, Metz ou Sedan. Ça n’a aucun sens. Les présidents veulent plus de droits TV, mais privilégient le départ des meilleurs joueurs vers l’étranger sous prétexte que ça renforce un concurrent qui ne devrait pas en être un…cherchez l’erreur.
Dernière chose et pas des moindre, il faut impérativement changer les mentalités dans le football français. Les matchs de gagne petit ou l’important est de ne pas perdre c’est terminé ! L’important c’est de jouer !!! L’important c’est de mettre un but de plus que l’adversaire !!! L’important c’est de donner du bonheur aux gens en leur permettant de s’évader pendant l’heure et demie que dure un match de football. Et ça veut dire aussi qu’au niveau de la DTN, on reprenne un peu les bases techniques de ce sport. Voir un joueur professionnel ne pas savoir faire une passe de 25 mètres ce n’est pas normal. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur, mais travailler dur et travailler ses gammes, il me semble c’est le socle du sportif et de l’artiste pour rester dans la métaphore du spectacle. Prenez Nadal, je pense qu’on peut dire qu’il sait faire un coup droit lifté. Pourtant tous les jours il en fait à l’entrainement. Un virtuose fait toujours quelques gammes avant de se lancer dans un morceau difficile.
Alors, je sais que c’est exhaustif, qu’il manque des choses (j’aurai pu écrire un livre) et que certains vont bondir à la lecture de cet article et croyez bien que je ne l’ai pas écrit de gaieté de cœur. Mais le football français se doit de rattraper son retard sur ses voisins européens sous peine de mort lente et inévitable. Il y aurait aussi la solution de revenir en arrière, annuler l’arrêt Bosman et de considérer le sport professionnel en général et le football en particulier comme une économie à part entière, mais je ne crois pas que les volontés de nos voisins européens aillent dans ce sens. C’est donc à nous de nous adapter, nous n’avons plus le choix.
Tacle Glacé
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