Pilier du Marseille Champions Podcast, Yannis publiera désormais, à l’envie, à l’inspiration, ses billets sur l’OM sur Football Club de Marseille…
Marseille. Ombre et lumière. Aussi tristes que les gradins vides du Vélodrome, la copie rendue par les hommes d’André Villas-Boas en ce début de saison a fini de parfaire les doutes des supporters olympiens.
Comment cette équipe, si vaillante dans le pressing et les intentions la saison passée à pareille époque, peut-elle présenter un visage aussi fade à l’heure de bientôt se frotter aux écuries européennes les plus chevronnées ? De plus en plus frileuse et dénuée d’allant et d’idée directrice, la stratégie du technicien portugais est-elle en adéquation avec la devise et l’histoire du club marseillais ?
Comme on pouvait le craindre, en terre de Phocée la vérité du jour n’est jamais celle du lendemain. Dans ce contexte austère et très particulier, le soleil ne suffit plus à embellir le quotidien des marseillais. Une ombre de plus en plus dense s’étend au dessus de la cité phocéenne. Étendard et totem de tout un peuple, l’OM n’avance plus, ne sourit plus, tel le reflet d’une ville à l’arrêt. « Marseille, qu’on y soit né ou qu’on y débarque un jour, […], on a vite des semelles de plomb. Les voyages, on les préfère dans le regard de l’autre. » écrivait Jean-Claude Izzo dans « Chourmo », second volet de sa célèbre trilogie. Séduisant à ses débuts, l’OM d’AVB s’est enfermé dans un froid pragmatisme tantôt redoutable, tantôt ennuyeux.
Telle voyageur faisant escale dans la cité aux 2600 ans d’histoire et s’imprégnant lentement du flegme local, le coach lusitanien semble avoir beaucoup de mal à ré-insuffler un fond de jeu dynamique à son équipe après des débuts quasiment idylliques. Nombre d’observateurs et passionnés du club marseillais interpellent l’ancien entraîneur de Porto sur la nécessité de changer quelque chose afin de relancer la machine. Mais n’est-ce pas là en définitive la limite de la stratégie pragmatique ? À force de privilégier le résultat à la manière, comme lors de la victoire à Rennes la saison dernière ou tout récemment sur la pelouse du Parc des Princes, cet OM est-il encore capable de produire un jeu attrayant et susciter de l’émotion dans le cœur de ses supporters ?
Les atouts offensifs du groupe marseillais que sont Dimitri Payet et Florian Thauvin semblent baigner dans une espèce de suffisance, reflet d’une condition physique loin d’être optimale. Le meneur de jeu réunionnais fait une nouvelle fois étalage de sa légendaire irrégularité quand le natif d’Orléans fait lui face au malaise provoqué par sa situation contractuelle. Sans ces deux cadres au mieux de leur forme, mentale et physique, c’est tout le secteur offensif qui apparaît moins tranchant. Mais il serait injuste d’imputer le mauvais rendement de l’équipe à ces deux joueurs tant les lacunes apparaissent nombreuses et récurrentes dans plusieurs secteurs. Le manque d’impact physique du milieu de terrain, fort préjudiciable en Ligue 1, pose problème. La solidité défensive, dont une large part repose sur les épaules d’un Steve Mandanda impérial, ainsi que l’apport des latéraux sont eux bien trop sinusoïdaux pour offrir à cet OM un visage séduisant et conquérant.
L’OM. Tunique blanche sous reflet de ciel bleu qui rime avec passion, où cent vingt ans d’histoire parsemée d’exploits européens vous contemple. Voici l’OM version AVB au pied de son Olympe : Laisser une trace dans la légende olympienne en écrivant sa propre histoire en Europe.
L’Olympe, plus haute montagne de Grèce, est dans la mythologie grecque perçue comme un jardin secret, villégiature des Dieux. Son sommet reste invisible,caché par les nuages, il resplendit lorsque le ciel se dégage. Le chemin vers ce sanctuaire,où trône la tête de Basile Boli datant de Mai 1993, apparaît aujourd’hui totalement improbable.
Mais qu’importe les circonstances, le maillot blanc impose à celui qui le porte de s’en montrer digne et d’honorer la légende. Ironie du sort ou beauté du destin, pour renouer avec le fil de son histoire dans la plus prestigieuse des compétitions européennes, c’est un choc face à l’Olympiakos qui sera bientôt proposé aux marseillais. Le Thrylos, « la légende », et ses innombrables titres de Champion de Grèce. De quoi réveiller la nostalgie des plus fidèles supporters en se remémorant la frappe surpuissante pied gauche de Jean-Christophe Marquet qui avait éteint le stade Karaïskakis du Pirée un beau soir de septembre 1994, avant que Tony Cascarino ne parachève la qualification au match retour dans un Vélodrome en ébullition.
Un OM à cette époque en grande difficulté sportive et financière au purgatoire de la seconde division,mais transcendé par son aura européenne. Artémis, déesse de la nature sauvage et de la chasse, est la déesse protectrice de la ville de Marseille. C’est à son effigie que les marins grecs qui débarquèrent sur les rives du Lacydon il y a plus de 2600 ans ornaient leurs embarcations. L’aura de la déesse devra briller de toute sa force pour permettre aux phocéens de franchir les obstacles qui se dresseront face à eux ces prochaines semaines.Riches de nos seuls doutes et de notre amour pour le maillot blanc, nous voilà supporters de nouveau à la croisée des chemins. Encore nostalgiques de la parenthèse Marcelo Bielsa,nous voilà de nouveau confrontés à l’incessant dilemme : le désir de voir l’OM déployer un jeu enivrant et la nécessité d’obtenir des résultats pour lui éviter de retomber dans certains travers sportifs. Ce sentiment d’impuissance de ne pouvoir accompagner aujourd’hui notre équipe dans cette lutte est tragique. Mais il doit trouver de l’echo dans les pieds de nos joueurs comme une force. Sans jamais rien lâcher …
Yannis
@B_Yannis_