Les périodes de trêves estivales sont souvent riches en rumeurs de tout genre, en rebondissements inespérés voire même souvent en coups de théâtre dramatiques.
La période exceptionnelle que nous vivons n’échappe malheureusement pas à la règle, loin s’en faut. Depuis le mois de Mai nous avons déjà assisté au départ (non officiel) d’Andoni Zubizarreta, puis dans la foulée à l’annonce prématurée de celui d’André Villas Boas qui finalement devrait rester capitaine, ce qui est malgré tout une bonne chose quelles que soient ses motivations, d’un navire Olympien qui navigue à vue.
Mais le clou du spectacle de cette période de sevrage footballistique reste la vraie/fausse rumeur de vente du club lancée sur la toile par TMW puis relayée avec son lot habituel de rumeurs fondées ou infondées selon le degré de lucidité, de crédibilité ou de point de vue et les « sources ». L’avenir nous dira qui avait raison.
L’essentiel est ailleurs car le remue-ménage et la restructuration nous amenant à la « phase 2 » de l’ère Mc Court, nous feraient presque passer à côté de ce qui est le fil rouge de cet arrêt forcé du football hexagonal :
Devons nous reprendre la saison 2019/2020?
– A t-elle été arrêtée trop prématurément?
– Dans le département du Rhône la réponse à ces questions paraît évidente, cependant cela reste un sujet assez épineux au gré des intérêts des uns et des autres.
– De nombreuses autres questions se posent :
– Quelle était la situation sanitaire au moment où cette décision grave a été prise par les instances, puis définitivement confirmée par le gouvernement ?
– Quelle est la place du sport le plus populaire de France dans une société au sein de laquelle des milliers de familles sont endeuillées?
– Devait-on patienter et attendre de voir comme nos voisins européens des quatres autres championnats dits « majeurs » ?
« La ligue a pris la bonne décision »
La majorité n’a pas toujours raison, n’en déplaise à ce cher M. Jean Michel Aulas! Les enjeux économiques ne devraient pas passer au-dessus du principe de précaution, sachant que dans tous les cas de figure face à cette situation inédite et dramatique les finances des clubs auraient été impactées.
Parmi le peu de joueurs à s’être exprimés sur le sujet, tous sont unanimes ou presque. La ligue a pris la bonne décision.
Il ne faut tout de même pas oublier que ce sont eux les acteurs principaux du football, que ce sont eux qui sont exposés en première ligne face à une pandémie meurtrière (qui, même si elle est en net recul, est toujours présente) et enfin que ce sont eux qui craignent, à juste titre, pour leur santé et celle de leurs proches.
Aussi bizarre que cela puisse paraître face à ce constat les clubs et les supporters qui militent pour une reprise ont tous un ennemi commun: l’Olympique de Marseille!
Notre deuxième place jusqu’à la 28 ème journée est peut-être selon eux usurpée et imméritée, presque personne ne nous voyait aussi haut à l’aube de cette saison chaotique avec un effectif aussi limité en quantité qu’en qualité. Et c’était pourtant bien l’objectif de notre coach. Est-ce de la faute de l’OM si le changement de stratégie lyonnais s’est avéré catastrophique tant sur le terrain qu’en dehors? NON !
Est-ce de la faute de l’OM si Amiens a eu des résultats en dents de scie? Encore NON !
(Bien que je comprenne la frustration amiénoise tant sur la qualité de leur jeu que sur le peu de points qui les séparait de la zone de maintien)
Est-ce de la faute de l’OM si le TFC a gagné 3 matchs en 28 journées? Toujours NON !
Cependant, envisageons le scénario peu probable selon lequel JMA et ses confrères frondeurs obtiendraient gain de cause pour une reprise après tous leurs recours, courriers, requêtes, classements farfelus ou autres play-off :
Une préparation physique tronquée?
Même si les acteurs de ligue 1 se sont entretenus individuellement rien ne remplacera jamais le terrain et les entraînements collectifs. L’hypothèse d’une nouvelle préparation paraît inenvisageable avant une mini trêve puisque le championnat 2020/2021 est censé reprendre le 23 août. Remettre le bleu de chauffe dans un laps de temps aussi court sans matchs amicaux paraîtrait suicidaire pour les organismes. N’importe quel préparateur physique digne de ce nom vous le confirmera. Nous comptabiliserons le nombre de blessures dans quelques semaines dans les championnats qui ont repris.
Quid des joueurs en fin de contrat le 30 juin?
Doit-on les écarter des effectifs? Doit-on faire un avenant exceptionnel à leur contrat? Des dérogations? En terme de législation tout paraît terriblement complexe et il en serait de même pour les retours de prêt. Le scénario d’un duo Benedetto/Mitroglou est improbable.
Que faire dans l’hypothèse où un joueur transférable se blesse gravement en cas de reprise prématurée?
Quelle serait la posture des diffuseurs face à un calendrier chamboulé?
Sachant qu’ils ont eux-mêmes précipité l’arrêt de la ligue 1 en annonçant l’arrêt pur et simple du paiement des droits TV? Seraient-ils prêts à faire machine arrière et finalement régler l’ardoise pour diffuser des matchs à huis clos dont la saveur reste amère même avec un sampleur qui simule des réactions de supporters fantômes ou en carton?
Les caisses seraient-elles renflouées par une billetterie inexistante?
En guise de réponse force est de constater que les difficultés sportives, logistiques et économiques pointées du doigt principalement par M. Aulas sont réelles dans tous les cas, même dans celui d’un rétro pédalage des instances et du gouvernement. C’est la raison pour laquelle, sans prêcher pour ma paroisse, je pense que la « moins pire » des décisions a été prise. Un classement entériné à la dernière journée jouée et une préparation en amont pour un retour du football pour la saison 2020/2021 dans les meilleures conditions possibles.
N’oublions pas non plus, (parce qu’on en parle trop peu,) les difficultés à venir pour le football amateur
Même si les enjeux économiques sont d’une toute autre dimension. La problématique pour les détections, la reprise des entraînements, l’élaboration des calendriers, les contrats de sponsoring, les subventions, les changements de club ou encore la situation des aspirants pro au sein des centres de formation est bien réelle.
En guise de conclusion et puisque je vois fleurir sur les réseaux des phrases du genre: « Normal, nous ne sommes pas un pays de football ! » par les partisans d’une reprise immédiate de la L1, j’ai envie de répondre cela : Existe-t-il un endroit en France où le football est plus qu’un sport mais quasiment une religion autre que Marseille ? Comme pour le reste nous essayons de nous plier à ce qui a été décidé en haut lieu pour protéger nos familles et nos proches, même si c’est extrêmement frustrant pour les fous de ballon que nous sommes (et non pas parce que le classement nous arrange).
Si nous avions terminé en dehors des places européennes nous aurions eu la décence de remettre en question notre staff, notre direction et nos joueurs pas ceux des équipes adverses!
Ainsi, sur ces mots, je vous dis : À très bientôt j’espère. Sur les terrains ou en tribunes.
Prenez soin de vous et des gens que vous aimez!
Belmel Bouzélifa Karbadji
BK @Bkarbadji sur twitter