Hèèè ma fouaaa, putain de 5 mai 1992… 27 ans écoulés, mais toujours là.
Je prends juste conscience que certains qui me lisent ici régulièrement n’étaient même pas encore nés le jour de cette catastrophe.
Nous sommes nombreux à nous souvenir où nous étions ce jour-là.
Pas mal de marseillais avaient fait le voyage. C’était une époque bénie où les supporters se déplaçaient sans entrave. On aurait trouvé inconcevable de décréter ces interdictions ridicules et illégitimes rencontrées de nos jours dans une démocratie.
Ceux qui étaient là-bas sont passés tout près du drame et restent plus marqués que les autres.
Pour la plupart, nous étions devant notre télé.
Ce devait être une grande soirée de football sur la Une. Les bastiais nous attendaient, mais on savait que si notre équipe faisait le job elle irait en finale. Facile, nous avions la meilleure équipe d’Europe, on craignait dégun.
L’écho de la construction de cette tribune décidée et dressée en un temps record nous était parvenu mais nous ne nous doutions de rien. Le téléphone portable n’existait pas, encore moins les réseaux sociaux. On avait vu des reportages.
C’est devant le journal de TF1 qu’on a eu connaissance d’un incident par un premier direct de Bastia. Il me semble que Patrick Poivre d’Arvor a ensuite déroulé son journal et c’est quand il est retourné vers Thierry Roland et Jean-Michel Larqué que nous avons su que c’était assez grave.
Égoïstement, certains d’entre nous ont espéré que cela ne nous empêcherait pas de voir le match.
Et puis, il y a eu ce moment avec Larqué, qui était encore à nos yeux le frappeur du coup-franc contre le Dynamo de Kiev, l’homme de la reprise de volée en finale de Coupe de France contre Lens. L’ancien capitaine des Verts avait laissé quelques minutes son acolyte seul au micro. Il revenait d’une inspection de la tribune écroulée de l’autre côté. C’était pour annoncer que selon lui le match n’aurait pas lieu, que nous étions devant une véritable catastrophe.
On se souvient des joueurs de l’OM qui sont venus voir ce qu’ils pouvaient faire pour les victimes. De l’inquiétude d’Olméta pour des membres de sa famille. Quelque chose de lourd s’est abattu sur nous tous. Et puis, on a su bien plus tard que Bernard Tapie avait été grandiose.
Dans la nuit, ceux qui habitaient autour de l’hôpital de La Timone entendirent longtemps le ballet des hélicoptères. Ils ramenaient la souffrance et la mort dans le ciel de Marseille.
18 morts. 2357 blessés. Qui peut envisager de faire jouer des matchs de football en France à cette terrible et sanglante date anniversaire ?
Ma pensée va à tous les rescapés et aux familles des victimes. J’en ai une spéciale pour l’ami Jean Ferrara en lequel s’incarna ce drame à mes yeux, parce que je le connaissais, et qui fut plongé en enfer à partir de ce soir-là.
Je n’oublie pas que beaucoup parmi ceux qui auraient mérité de porter la lourde responsabilité de cette horreur s’en tirèrent sans dommage.
Pas de foot le 5 mai svp. C’est une journée pour se souvenir.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B Audibert
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