Aïoooli de quelque part, loin, trop loin de Marseille dont je suis parti depuis hier mercredi mais qui me manque terriblement, autant que ma femme.
J’ai un petit blues ce soir, rien de grave, je regarde twitter, faut pas regarder ce truc trop longtemps, j’y vois la #TeamOM sur les nerfs et me voilà replongé, alors que j’avais bien géré toute la journée, dans ce nouveau revers des Olympiens mercredi soir pour un des deux matchs en retard de l’équipe. Alors quoi ? Chercher à analyser la situation une fois encore, une fois de trop sans doute. Ma personnalité est ainsi faite. J’ai découvert ça récemment au boulot avec le fameux test MBTI. C’est quoi ce truc ? Je vous la fais courte, le médecin-psychanalyste Karl Gustav Jung avait défini qu’il existe 16 types de personnalité, invariablement. Des gens ont continué à travailler là-dessus et cela a donné les tests MBTI. À la sortie de ce test vous êtes classés en fonction de certaines dominantes dans différents domaines de la psychologie et cela donne une formule de 4 lettres. Je suis ainsi placé dans les INTP, c’est à dire un profil qui me correspond très bien mais dans lequel pourtant je ne me serais pas spontanément classé, un profil de penseur, de logicien, d’architecte, de philosophe.
Devant un problème, je l’analyse, le met à plat, et prépare une réponse structurée si je dois en apporter une, ou bien pour ne pas être « travaillé » par le binz et passer à autre chose j’active mon esprit pour qu’il soit en paix parce que sinon je suis en mode calcul quel que soit ce que je suis en train de traiter tant que ce n’est pas fixé quelque part. Si des gens me trouvent bizarre d’écrire incessamment des textes qui seront lus par une minorité, voici l’explication. Écrire m’aide à penser et passer à autre chose. Concernant l’OM, voilà pourquoi j’ai besoin d’écrire après chaque match, cela m’aide à passer au suivant, je ne me force jamais. Je ne reviendrai pas sur le match d’hier, je l’ai fait, tout va bien.
Ce qui me tue, c’est la situation du club dans ce moment présent.
Des matchs comme, ça où on a les choses en main avant qu’elles ne finissent par nous échapper, on en a vu des dizaines dans l’histoire, à toutes les époques, avec tous les entraîneurs. Non, ce qui me tue, c’est la situation du club dans ce moment présent. C’est tout de même une histoire de fous. Je veux comprendre. Nous avons mal acheté et nous n’achetons plus. Il y a eu des promesses et puis plus rien. Nous savons pourtant ce qu’il nous faut. La question se pose de savoir si, au moins pour le buteur, le joueur idéal en fonction de nos attentes, de nos moyens, et de sa disponibilité, existe bien, et jusqu’à quel niveau devons-nous descendre pour enrôler ce qui ne peut apparaître au fond que comme un compromis. Il traîne dans chacune de nos oreilles une phrase de McCourt confiant que si on lui présentait le bon il était prêt à casser la tirelire. À ce jour nous avons des doutes sur le degré de véracité de son assertion. Mettons ça de côté. Tout le monde se braque sur Rudi Garcia depuis un bon moment et nous voilà même depuis Andrézieux à un point culminant du mécontentement à son égard.
Il n’est pas de la race de ceux qui inventent des styles de jeu.
J’entends la rage ici ou là, je partage un certain nombre des raisons qui l’activent mais encore une fois je veux poser un regard juste sur le coach. Tout d’abord, je ne prétends pas avoir étudié son parcours avant qu’il arrive. Je n’étais pas un spécialiste de Garcia, je me fous comme de l’an 40 des clubs par lesquels il est passé mais je qualifie sa carrière d’honorable. Il ne me vient pas à l’idée de le traiter d’incompétent, qui serais-je pour faire une telle affirmation ? J’observe tout de même que ce n’est pas un entraîneur à placer dans la catégorie des purs tacticiens. Il n’est pas de la race de ceux qui inventent des styles de jeu, qui sont travaillés par la stratégie, qui distribuent des consignes très précises aux joueurs en dehors de l’attention à des fondamentaux. L’OM actuel n’est pas franchement à l’aise dans tous les systèmes de jeu et nous sommes bien obligés de constater que s’adapter à ses joueurs n’est guère sa marotte.
Si on prend l’exemple des attaquants, on ne l’a jamais surpris à travailler un système de manière durable et convaincante pour associer Mitroglou et Germain qui n’ont pas des profils pour évoluer seuls à la pointe. Ne lui jetons pas la pierre, peut-être l’a-t-il tenté à l’entraînement sans être convaincu. Possible qu’un autre y serait parvenu s’il avait dû lui aussi se passer au dernier moment d’un joueur de caractère comme Balotelli qui était ciblé initialement au dernier mercato. Autre observation, Garcia, contrairement à Bielsa ne se prend pas trop la tête avec le meilleur joueur adverse ou avec le dispositif qu’il a en face. Si c’était le cas, Khazri, l’excellent Whabi Khazri, n’aurait pas bougé une oreille. Garcia est exigeant sur le replacement, la récupération rapide, la possession, le passage sur les côtés. Mais ce n’est pas chez lui qu’on verra comme chez d’autres, tiens pour énerver je vais prendre Courbis (et cela fera plaisir à Jacques Bayle que je salue, avec une bise au passage à sa sœur qui fut une sympathique camarade pendant mes quatre années de collège, c’est rigolo la vie, faut dire que Marseille est un village).
Chez Rolland, tout est millimétré en fonction de la position du ballon, de l’équipe qui le possède, du joueur qui l’a. Ça bouge d’une ligne à l’autre, ça coulisse, on dirait un métier à tisser et observer ça de Jean-Bouin ou Ganay, bien centré constitue un régal. Mais ce genre d’entraîneur ne représente pas la panacée. Garcia se placerait plutôt dans la catégorie des managers. Il tient son groupe. Je l’ai entendu confier un jour que lorsqu’il arrive à la Commanderie, il ouvre les yeux et les oreilles autour de tout ce qui concerne le groupe. Rien ne doit lui échapper. Il a des yeux à l’intérieur et il va adapter son comportement, alterner dureté et souplesse, sympathie et coups de pression. Cela marche quelque temps, mais ce n’est pas la panacée non plus. Ce n’est pas un psychologue. On lui reproche de ne pas faire progresser ses joueurs, je ne suis pas d’accord. Ocampos a progressé tactiquement. Sakaï aussi, souvenez-vous, c’était pas terrible au début. Il a fait de Sarr un latéral exploitable, c’était loin d’être évident. Mais contrairement à Courbis pour revenir à lui, il n’est pas capable de trouver les ressorts affectifs du joueur, de le pousser à se sublimer, de le faire grimper aux rideaux. Mario Zatelli savait faire ça. Garcia sait mieux s’adresser au groupe qu’à l’individu, je ne veux pas l’affirmer avec certitude.
Quand tu estimes avoir vraiment besoin d’un joueur, qu’il est d’accord pour venir, qu’il te le faut absolument… tu mets ce qu’on te demande.
C’est un sentiment. A-t-on vu un joueur se jeter spontanément dans les bras de Garcia après un but ? Jamais. Garcia n’a pas de bons résultats avec son groupe cette année mais il a une excellente excuse. Il n’a pas obtenu en attaque le profil dont il a besoin. C’était pas loin, mais il y a eu un blocage financier, et peut-être une problématique d’égo entre Fournier le dirigeant niçois et Eyraud. J’ai la sensation que le problème était surtout financier. Quand tu estimes avoir vraiment besoin d’un joueur, qu’il est d’accord pour venir, qu’il te le faut absolument… tu mets ce qu’on te demande… et si tu ne le fais pas il faut assumer derrière. Le renoncement à Balotelli a été une arme pour Garcia dans la reconduction précoce de son contrat. On peut facilement imaginer que le coach, à un moment donné, a joué la complicité et la compréhension : « Ok, Président, je vais essayer d’avancer avec les joueurs dont je dispose déjà. Après tout, nous avons un buteur avec Thauvin, on va demander à chacun de participer plus en attaque pour compenser. Je vais m’arranger mais… mais… je ne garantis rien, il faudra vous montrer compréhensif à votre tour si cela ne marche pas ». Et voilà.
Garcia n’est pas un entraîneur nul comme beaucoup trop d’entre nous s’escriment à le juger. Il a ses spécificités, ils ont tous leurs particularités, mais on a pu observer que les joueurs savaient ce qu’ils avaient à faire à St Étienne et que Garcia y est un peu pour quelque chose. Ok pour le défoncer quand ça va pas, moins de raison de le faire quand ça semble être un peu mieux. Il a sa part dans les réussites de la saison dernière et sa responsabilité dans les échecs. Comme les joueurs. Là où je rejoins ceux qui souhaitent le voir évincé, c’est que le jeu ne me satisfait pas et il a eu du temps pour le mettre en place. Je n’aime pas comment on a laissé s’enfoncer mentalement Germain et Mitroglou. Ses recrutements ne m’apparaissent toujours pas judicieux surtout qu’ils sont onéreux. Sa relation avec les supporters n’est pas bonne. Il a souhaité une relation distante, sans doute la même qu’il a avec les joueurs, oui ok, il leur tape dans la main avant et après le match. D’autres les prennent dans les bras, les enlacent. Tactiquement, je veux qu’on soit une équipe emmerdante, qui varie les attaques. On prend trop de buts. On les sent venir, c’est pas normal. Et nous manquons de tranchant, de puissance, de présence dans la surface. Je veux des solutions, il ne me les apporte pas. Et pourtant, malgré tout ça, j’ai encore le doute de me dire, mais s’il y a un buteur, du style Balotelli quand il est en forme, encore faut-il qu’il le soit, et durablement… est-ce que tout ça ne vivrait pas mieux. La présence d’un type comme ça n’amène t-elle pas les adversaires à rester bas, et donc avoir du mal à repartir ? Cela peut changer beaucoup de choses.
Il y a trop de questions ici qui nous empêchent de comprendre l’imbroglio dans lequel nous nous trouvons à ce jour.
Reste la question du président. Quelle est sa possibilité de manœuvre financière ? Faible sans doute. Donc jusqu’où le président de l’OM est-il prêt à assumer les carences, voire l’absence de recrutement. Peut-il prendre sur lui la gestion d’un OM sans ambition à court-terme, on s’y dirige tout droit et c’est inacceptable. Ne pourrait-on pas penser qu’il lui appartient de taper du poing sur la table de son actionnaire pour retrouver de la marge et renforcer l’équipe pour se donner les moyens d’atteindre l’objectif podium ? Le poids de Zubizarreta dans les décisions peut-il se rééquilibrer, et que doit-on penser de quelqu’un qui semble ne pas vouloir faire de vagues comme le basque ? Il y a trop de questions ici qui nous empêchent de comprendre l’imbroglio dans lequel nous nous trouvons à ce jour. Et ça rend fou. C’est un sac de nœuds. Et je suis comme tout le monde obligé d’attendre l’avancée des jours pour comprendre ce qui se passe au cœur du réacteur.
C’est d’autant plus frustrant que nous pensions que les blocages que nous avions connus appartenaient au passé. Les autres clubs trouvent des joueurs qui parfois s’imposent, pas nous en ce moment, mais c’est tellement difficile de se faire une place de choix avec ce maillot sur le dos. Nous sommes un public tellement exigeant. Marseille est une ville atypique, son club rend fou, comme je suis fou de ne pas savoir d’où viendra la solution, et même si elle sera effectivement trouvée. En attendant, je me dis que Rudi Garcia ferait bien d’effectuer une formation MBTI pour mieux connaître ses joueurs, comprendre grâce à cela, en parallèle de leurs qualités footballistiques, comment il peut les associer ou les dissocier. Comment mieux les comprendre et les amener à se comprendre entre eux. Je ne sais pas quel est le degré de véracité de la chose mais on annoncé les interventions de Denis Troch, ex-entraîneur devenu consultant mental. Et pourquoi pas ? Tant, il maîtrise le MBTI. Ces tests MBTI que j’invite chacun de ceux qui me lisent à faire. Cela prend peu de temps et c’est enrichissant, ça vous servira, c’est sûr, à mieux vous connaître et vous reconnaître. Allez, on se prend la tête…
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B. Audibert