Fracasser un joueur est un art euphorisant pour les supporters de foot mais également pour tous les acteurs de l’univers médiatique autour de ce sport. Actuellement à l’Olympique de Marseille, un joueur se dévoue, à l’insu de son plein gré, pour soulager de sa frustration la vox populi : Konstantinos Mitroglou.
Difficile de se le cacher : il est nul avec l’OM! Il ne touche pas un ballon, semble lent, emprunté et maladroit. La désillusion est désormais visible dans ses attitudes mais également dans celles des hordes de passionnés peuplant les travées du Stade Vélodrome ou les réseaux sociaux les soirs de match sous la bannière #TeamOM.
La procédure de divorce semble inéluctable mais le véritable problème dans cette histoire réside dans les raisons ayant poussées à ce mariage contre-nature.
le mauvais profil
Konstantinos Mitroglou a des références et une qualité bien particulière qui n’est pas donné à tous (n’en déplaise à certains) : finir les actions dans les six mètres. Ses 155 buts en 10 ans de carrière sont là pour le prouver. Il n’a pas toujours été cette âme en peine se traînant sur le terrain. Ce sont d’ailleurs ces chiffres qui ont attiré le chaland marseillais à le recruter dans les dernières heures du mercato alors qu’il désespérait d’offrir à Rudi son grand attaquant.
Seulement sur le pré, le contexte vertueux dans lequel évolue l’Olympique de Marseille depuis plusieurs mois n’est pas adapté aux qualités du grec. Il lui est demandé de garder des ballons dos au but, de remiser, d’accompagner les actions, choses qu’il n’a jamais fait dans sa carrière. Il parle grec, on lui parle chinois, en résulte un dialogue technique de sourd.
Il y a quelques semaines, Rob MacKenzie, ancien scout en chef à Leiceister livrait son analyse sur Mitroglou, dont il faisait un cas d’école concernant le recrutement d’attaquant.
« Quand il a quitté un triste Fulham, il a montré qu’il n’avait pas perdu son talent devant les buts en redevenant immédiatement un vrai buteur avec 19 buts en 34 matches la saison suivante (0 en 3 matches en Angleterre). Puis Mitroglou a terminé avec 52 buts en 88 matches avec Benfica avant de s’envoler pour Marseille cet été.
Peut-être que la discussion qu’il faudrait avoir n’est pas celle de savoir si un joueur est bon mais plutôt se concentrer sur les opportunités qu’il a expérimenté pour être bon. Olympiakos tout comme Benfica sont des équipes dominatrices dans leurs championnats respectifs. Résultat, Mitroglou a inévitablement profité d’un énorme volume d’actions qualitatives que ne lui a pas offert Fulham. Il commence doucement à Marseille d’ailleurs… »
Rob MacKenzie – Source : SkySports
Panic Buy tu es, Panic Buy tu resteras
Mitroglou est un joueur bien particulier qui s’épanouit dans un contexte bien particulier où les ballons dans les six mètres pleuvent comme à Gravelotte. Le championnat de France n’est pas adapté à son jeu, l’Olympique de Marseille en 4-2-3-1, non plus.
En est-il coupable ? À bientôt 30 ans, son profil ne laisse que très peu de part d’ombre au moment de le recruter.
Peut-il changer complètement son jeu ? À bientôt 30 ans, cela serait surprenant.
Son recrutement a été une erreur favorisée par la gestion calamiteuse du dossier du grand attaquant. L’OM avait besoin d’un mécanicien capable de fignoler son moteur, mais dans la précipitation il s’est offert un peintre en finition ne travaillant qu’avec une certaine gamme de pinceau. Il faut maintenant passer à la suite, espérer une fin de saison heureuse redorant un minimum le blason de l’international grec et retenir la leçon. Bizarrement les bonnes affaires des mercatos de la nouvelle direction ont été signées tôt durant les périodes de mutation (Gustavo, Rami, Sanson…), pas à quelques encablures de la deadline.