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Replay OM : Une semaine aux Newell’s, le club de Marcelo Bielsa – Part 4

Par Matthieu Franceschi - Publié le - Mis à jour le

 

 

Partie 4 : Jour de match des Newell’s au Stade Marcelo Bielsa

 

 

Matthieu Franceschi est allé à Rosario, en Argentine, pour découvrir les terres et le club de cœur de Marcelo Bielsa, les Newell’s Old Boys. A travers plusieurs chroniques, Matthieu nous fait partager son aventure hors du commun…

 

Dimanche 16 octobre 2016, mon baptême du feu. Un rêve de gosse pour de nombreux amoureux de football dans le monde, assister à un match de football en Argentine. Pour ma seconde journée sur Rosario, les Newell’s Old Boys jouent à domicile face au Gimnasia La Plata pour le compte de la 6ème journée du championnat argentin. Je suis invité au match.

 

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Avant mon départ de France, un doute persistait sur la programmation de la journée ce week-end là. Des sites web argentins spécialisés donnaient des informations contradictoires, j’ai cru un moment que mes dates ne correspondraient pas avec la tenue d’un match au stade Marcelo Bielsa. Il faut savoir que l’organisation du championnat argentin est catastrophique. La plupart du temps, la programmation des matchs est seulement connue une semaine à l’avance, des heures des rencontres peuvent être modifiées 48 heures avant, des déplacements des supporters autorisés seulement la veille. Sur ce dernier point, il faut savoir que les parcages visiteurs sont de nos jours la plupart du temps fermés en Argentine après des années noires où de nombreux « hinchas » ont trouvé la mort.

 

En retard !

 

Tout juste remis de la soirée « parilleros » au stade, je me lève tout excité de la journée qui se profile. A l’inverse, certains ne se semblent pas s’être remis de la soirée, puisque mon contact « Leproso », qui devait me récupérer à 12h30 à mon appartement, n’avait toujours pas donné signe de vie à 14h30, moins de deux heures avec le coup d’envoi du match. Je décide finalement de me rendre chez lui en taxi… pour, comme je m’en doutais, le réveiller !

 

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Nous arrivons finalement aux abords du stade à tout juste une heure du début de la rencontre. Le temps est estival, le soleil brûlant. Nous rejoignons une partie des « Artistas Leprosos » dans le « Parque de la Independencia ». Au programme, comme il doit se faire aux quatre coins de la planète un jour de match, c’est apéro. Au menu, de la bière et, grande spécialité argentine impensable en France, le Fernet Branca Coca !

 

Le temps presse. Compte tenu de notre retard, afin d’éviter la longue attente aux portiques, on se dirige en populaire nord, à l’opposé de la populaire « Diego Armando Maradona » où est positionné le « Hinchada mas popular ». Malheureusement, la file d’attente est également importante. Quand j’entends la clameur du stade et sens l’odeur des pots de fumée, je comprends que nous venions de louper l’entrée des deux équipes, ce qu’on appelle les « recibimientos » en Argentine. Dommage…

 

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Le plaisir des yeux

 

Une fois la fouille passée, nous rentrons en fin dans la tribune. Que c’est beau de voir un stade complet aux couleurs de son club ! Nous en rêvons tous à Marseille ! Tous les « hinchas » présents sont vêtus de rouge, de noir ou de blanc. Tous un maillot, un t-shirt, une casquette ou un bob aux couleurs des Newell’s. C’est magnifique ! De tout l’après-midi, j’ai simplement vu deux personnes avec le maillot d’un autre club. Le premier, un enfant avec le maillot du Barça floquée « Messi » qui est l’une des plus grandes fiertés du club puisqu’il est né à Rosario et issu du centre de formation des Newell’s Old Boys. Le second, le maillot de l’Olympique de Marseille que je portais. Comme la veille au barbecue, ceux qui reconnaissaient la tunique phocéenne me disaient : « Bielsa ! ».

 

Ce qui est également impressionnant, c’est le nombre de bâches et calicots dans tout le stade. Il ne reste pas un bout de béton de libre, pas un bout de barrière. Si en populaire sud, on retrouve les bâches de la barra, « La gloriosa banda del Rojinegro » et « La Hinchada mas Popular », le reste du stade est illuminé avec notamment le nom des « barrios » de Rosario.

 

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Autre chose qui m’a marquée, c’est le nombre d’enfants, tout autant passionnés que les adultes, connaissant bien évidemment tous les chants « Rojinegros ». Malgré certains préjugés, malgré les innombrables fils barbelés qui encerclent les tribunes, aux Newell’s, on vient au stade en famille ! On chante en famille ! Les enfants se regroupent en bas de la populaire et grimpent au grillage pour regarder le match. Un père a tenu son fils toute la rencontre contre la grille, il ne devait même pas avoir un an puisqu’il ne marchait pas encore ! Dès le plus jeune âge, on les baigne dans la passion Newell’s.

 

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Enfin, la quasi totalité des « Rojinegros » est tatouée ! Tout simplement hallucinant ! Cela fait partie de leur culture. Tu nais « Leproso », tu vis « Leproso », tu le graves sur ta peau ! Il faut savoir qu’à Rosario, si un tatoueur est « hincha » de Newell’s, il réalise gratuitement un tatouage s’il est en rapport avec le club. Une autre planète !

 

Le plaisir des oreilles

 

Mais bien évidemment, le plus impressionnant à Newell’s, comme dans le reste de l’Argentine, ce sont les chants des « hinchas » ! A ce niveau, en Europe, nous sommes à des années lumières de cette ferveur ! Une autre dimension. Les chants durent de longues minutes et redoublent d’intensité à la moindre action de façon très méthodique : « On pourrait avoir une meilleure synchronisation. Connaître les paroles et chanter ne fait pas tout, il faut savoir relancer le chant au bon moment en fonction du déroulement du match » m’explique-t-on. D’ailleurs à la fin du match, les membres actifs n’hésitent pas à débriefer entre eux sur les imperfections du jour au niveau des chants, à la recherche permanente de la perfection. Les « Rojinegros » ont une réputation à tenir.

 

Une seule « barra », un seul endroit du stade qui lance donc un chant. Cela facilite évidemment la synchronisation et évite le brouhaha permanent que nous connaissons au stade Vélodrome. Pas de sonos, pas de mégaphones. Si la sono est un fléau qui ne devrait exister dans aucune tribune au monde, le « méga » reste la marque de fabrique du mouvement ultra en Europe dont les « Rojinegros » n’ont pas hésité à se moquer. Car en Argentine, c’est le rythme des « bombos » qui lance les chants ! « El bombo con platillo » est l’élément de base. Dès que le tempo est donné, le chant s’élève de la tribune « Diego Armando Maradona » pour se répandre en quelques secondes dans le stade, y compris dans la tribune latérale, l’équivalent de « Ganay » au Vélodrome, où les « hinchas » sont tout aussi enragés que les populaires, même si le prix des places est plus élevé.

 

 

Des chants à texte

 

A Marseille et en Europe en général, nous n’avons pas l’habitude d’avoir des chants avec beaucoup de texte, nous nous contentons de simples phrases reprises en boucle. Chez les « Rojinegros », chaque chant est une véritable histoire. Un des leaders m’expliquent : « Pour que l’air semble familier, on choisit une chanson de rock ou de cumbia que tout le monde a déjà entendu, un morceau à la mode ». Ils adaptent ensuite la musique à la murga argentine, un rythme carnavalesque. Pour les paroles, le chant mélange la plupart du temps l’amour pour les Newell’s, la fierté d’encourager quel que soit le résultat, la haine de « Sin Aliento », les faits historiques du club et la défonce (alcool et drogue).

 

Victoire de Newell’s

 

Je n’assiste pas à un match de grande qualité. Peu importe, le spectacle est en tribunes. Je passe l’essentiel du temps à observer la ferveur de ce peuple, à frapper dans les mains, à sauter, à balancer le bras au rythme des « bombos ». Ne maîtrisant pas encore le Castillan, pour les chants, on attendra ma prochaine visite à Rosario. J’espérai un but « Rojinegro » pour voir exploser le stade. Il arrive à la 76ème minute. De nombreux « Leprosos », dans les deux populaires, vont alors grimper au grillage. Mais sur ce point, dans un stade Vélodrome couvert, les décibels sont logiquement plus élevés au moment d’un but. Le dernier quart d’heure est un véritable récital de chants. Magnifique !

 

 

Ce que je n’ai pas vu

 

Arrivé en retard et positionné donc en populaire nord, je n’ai donc pas pu assister à certains rituels comme la « previa de la hinchada ». L’avant-match débute sous la tribune. Au rythme des « bombos », les chants résonnent dans les coursives. Puis, à quelques minutes du coup d’envoi, le noyau de la « barra » et les « bombos » rentrent dans la tribune pour faire exploser le stade.

 

 

L’après-match

 

Après le match, on se retrouve avec de nombreux autres « Leprosos » sur l’une des artères principales de la ville pour boire une énième bière et surtout chanter. Aux Newell’s, j’ai pu m’en rendre compte tout au long de la semaine, ça chante matin, midi et soir et pas seulement les jours de match ! Dès qu’un bus passe devant le bar où nous sommes regroupés, les chants redoublent au cas où des « Sin Aliento » seraient dedans. Un excellent moment de convivialité. Ils sont touchés par mes observations mettant en valeur leur passion et n’oublient pas de me préciser : « Le meilleur c’est jeudi avec le Banderazo, c’est mieux qu’un match ! »

 

Sur ESPN…

 

Prendre des photos ou filmer avec un smartphone est la dernière chose qu’on a envie de faire dans un stade argentin. D’une part pour profiter au maximum de l’ambiance, de l’autre pour éviter de se faire remarquer car au stade on y va pour « alentar ». La meilleure façon d’immortaliser le moment est de s’imprégner de cette atmosphère bouillante pour la graver à jamais dans un coin de sa mémoire. J’ai néanmoins pris quelques clichés pour alimenter mes chroniques et Twitter.

 

Le match se jouant au même moment que OM vs Metz, j’ai discrètement gardé un œil sur le smartphone pour voir l’évolution du score. A la fin du match, je tweete une photo de mon maillot de l’OM avec en fond le stade Marcelo Bielsa accompagné de la phrase : « Pour fêter la victoire de l’OM ». Si je me doutais de l’impact sur les supporters marseillais, j’étais très loin d’imaginer ce qu’allait déclencher ce Tweet en Argentine…

 

 

Le lendemain, les photos de mes Tweets apparaissaient dans l’émission « SportCenter » sur la populaire chaîne de télévision ESPN : « Matthieu, supporter de Marseille et fan de Bielsa, a voyagé à Rosario pour découvrir le club de son idole ». L’effet a été immédiat, cet épisode a littéralement influencé la suite de mon séjour à Rosario.

 

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Cela a permis de me faire connaître auprès d’une plus large partie des « Rojinegros » mais aussi auprès du club des Newell’s Old Boys. Lorsque je suis retourné au stade les jours suivants pour les préparatifs du « Banderazo », tous les « hinchas » me parlaient d’ESPN. Ils étaient fiers pour plusieurs raisons. D’une part, j’ai permis à ce qu’on parle des « Leprosos » et de leur passion dans l’actualité argentine. D’autre part, à travers mes aventures, je fais découvrir leur club à Marseille et en France. A ce sujet, un « Rojinegro » m’a fait une observation en forme de tacle appuyé pour l’ennemi de toujours : « Personne ne vient d’Europe pour découvrir « Sin Aliento », ils n’existent pas dans le monde ». Les « Leprosos » donnent beaucoup d’importance à leurs gloires historiques qui véhiculent l’image des Newell’s dans le monde, d’où l’un de leur slogan : « Newell’s en el mundo ». L’un de leur meilleur ambassadeur à travers le football n’est autre que Marcelo Bielsa. L’épisode ESPN en est un énième exemple, grâce à lui je suis à Rosario et ma venue se retrouve médiatisée.

 

Je ne suis pas prêt d’oublier ce jour de match et tout ce qu’il a engendré.
La passion Newell’s est incroyable.
Elle va se décupler à l’approche du Clásico Rosarino et de son Banderazo dont je vous parlerai prochainement…

 

 

Matthieu Franceschi

 

 

Partie 1 : Newell’s Old Boys, histoire et lexique

Partie 2 : Les « Artistas Leprosos », hinchas et artistes !

Partie 3 : Le stade « Marcelo Bielsa », un lieu de vie pour les socios !

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