Lettre ouverte à Margarita Louis-Dreyfus
L’heure est grave. Après l’éclaircie Marcelo Bielsa qui avait ramené la ferveur, le spectacle et l’Europe au Vélodrome, l’OM ne cesse de sombrer. En quatorze mois, l’espoir qu’avait fait renaître le technicien argentin a été balayé pour laisser place à un champ de ruines dramatique. Jamais sous l’ère Louis-Dreyfus la situation n’a été aussi alarmante et pourtant, en presque vingt ans, l’histoire olympienne a souvent connu des passages difficiles.
Au début du mois, devant les responsables des groupes de supporters, vous avez laissé sous-entendre que Vincent Labrune avait abusé de votre confiance et qu’il était le responsable de la situation actuelle à cause de sa gestion du club. Vous avez aussi pris le soin de préciser que c’était le choix de Robert Louis-Dreyfus et non le vôtre, espérant vous dédouaner de toute responsabilité. S’il ne fait aucun doute que Vincent Labrune a été le principal acteur de cette chute interminable, sachez que pour l’avoir laissé en poste cinq saisons, vous êtes autant responsable que lui. Et si les supporters ne s’étaient pas révoltés au printemps dernier, vous l’auriez sans doute laissé encore manœuvrer quelques années.
Même si ce n’est pas une fin en soi, le départ de Vincent Labrune était indispensable pour le bien de l’OM et pour avoir une provisoire accalmie des tribunes afin que le club puisse être vendu dans les meilleures conditions.
Mais, Madame Louis-Dreyfus, l’OM est-il vraiment en vente ?
Depuis votre communiqué d’avril dernier, tous les supporters, sans exception, espèrent voir débarquer rapidement un repreneur. Nous rêvions tous d’une vente cet été, malheureusement rien ne s’est passé. Votre dernière sortie médiatique inquiète. Les supporters ont désormais du mal à vous croire et pour cause, vous aviez dit, deux mois avant l’officialisation de la mise en vente de l’OM : « Je ne suis pas à la recherche d‘un acheteur pour le club ».
Ce changement radical de discours n’inspire pas confiance…
Vos différents communiqués, comme votre conférence de presse estivale, semblent faire office de lance à incendie afin de calmer les supporters. A en croire différents médias, des dossiers solides vous sont parvenus, certains sont restés sans réponse. Qui croire ?
Pourquoi faire traîner en longueur cette vente ? Pourquoi se séparer de tous les joueurs « bankables » et ne cesser d’affaiblir sportivement l’OM, si votre « priorité n’est pas de maximiser un profit » comme vous le chantiez il y a quelques jours ?
Je veux bien croire en vos paroles et votre volonté de « trouver un nouveau propriétaire qui prend bien soin de notre club ». A vos yeux, peut-être qu’aucun dossier de reprise n’est, en l’état, assez solide. Mais votre politique est incompréhensible et illogique. Soit vous cachez bien votre jeu et le club est en passe d’être vendu dans les semaines à venir, soit l’OM court à la catastrophe !
Madame Louis-Dreyfus, après deux journées de championnat, l’équipe actuelle olympienne ne semble pas avoir le niveau pour la Ligue 1. Nous avons déjà lutté pour le maintien il y a quelques mois, une alerte à prendre très au sérieux quand on sait que l’effectif est encore plus pauvre cette saison !
Les supporters marseillais ont déjà attendu trop longtemps. La réalité sportive, comme la saison dernière, va avaler tous les beaux discours du nouvel organigramme. Les tribunes n’attendront pas le printemps pour se révolter. Et cette fois-ci, vous serez la seule cible.
Si vous ne débloquez pas une enveloppe dans cette dernière semaine de mercato estival pour renforcer l’effectif actuel, l’OM va plonger de nouveau dans une crise que personne ne souhaite. Un climat instable n’est pas la meilleure façon de vendre le club, c’est à vous d’éviter cela !
L’OM n’est pas seulement un club de football ou un objet économique. C’est l’image d’un peuple, d’une ville, d’une région. C’est une religion pour beaucoup d’entre nous qui vivons depuis trop longtemps au rythme des humiliations. Les supporters souffrent profondément.
Si vous continuez dans votre politique de restriction budgétaire extrême, vendez-le club, vite, très vite, même à un dossier de rachat n’étant pas assez solide à vos yeux.
Madame Louis-Dreyfus, personne ne peut faire pire que vous à l’heure actuelle, aussi bien sportivement, financièrement que stratégiquement.
Le temps presse…
Matthieu Franceschi