Depuis l’officialisation de la mise en vente de l’Olympique de Marseille par Margarita Louis-Dreyfus, les supporters de l’OM attendent avec impatience de connaître le nom du futur repreneur. Alors que des tractations seraient actuellement en cours avec plusieurs potentiels investisseurs, il semble peu probable que la vente soit finalisée avant le début de la saison prochaine. C’est ce que nous confirme l’avocat d’affaires spécialisé dans le sport, Me Thierry Granturco. Mandaté par un investisseur nord-américain, ce dernier avait d’ailleurs approché le club phocéen et connait parfaitement ce type de dossier. Entretien.
Il y a quelques mois, l’OM vous avait indiqué que le club n’était pas à vendre. Votre client est-il revenu à la charge depuis l’annonce de MLD ?
À Marseille, plusieurs projets de reprises sont à l’étude, combien de temps peut prendre le processus de vente ?
Thierry Granturco : Je suis incapable de dire quand les uns et les autres ont demandé l’accès au dossier. Si les accès au dossier ont été demandés après la déclaration officielle de la propriétaire Margarita Louis Dreyfus, on peut penser qu’il ne sont pas près de vendre. Si elle a accepté à partir du mois de janvier de faire des présentations aux uns et aux autres, alors en réalité on se trouverait actuellement dans une phase qui leur permettrait de conclure. En règle générale, pour un dossier de ce type, il faut compter six mois. Il y a deux types d’audit à faire que l’on appel des due diligence qui sont relativement longs. Le premier consiste à réaliser un audit comptable assez traditionnel avec quelques spécificités liées au football, notamment à cause de la DNCG. Celui-ci n’est pas très long. Le second est un audit juridique qui prend beaucoup plus de temps. Il faut s’assurer que l’image comptable et financière de la société ne soit pas dénaturée par des contentieux qui naîtraient après l’achat. Il s’agit par exemple des contrats des joueurs, des deals avec les agents, des relations avec l’administration fiscale et sociale française, des sponsors… Pour ces deux audits, on estime qu’en-deçà de trois mois, on fait rarement du bon boulot. Cela n’empêche pas les négociations de se faire en parallèle. Dès qu’un deal est trouvé, à ce moment-là commencent les actes. Cela commence d’abord par des actes internes comme passer devant le comité d’entreprise pour communiquer les contours précis du projet de reprise. Celui-ci doit ensuite passer devant le conseil d’administration, puis en Assemblée Générale dans des délais qui sont incompressibles et fixés par la loi.
« Le club vendu avant la reprise? Cela me parait impensable »
Il est donc impossible que le club soit vendu avant la reprise si les tractations ont débuté lorsque MLD a communiqué officiellement ?
Thierry Granturco : Cela me parait effectivement impensable. La vraie question est de savoir si le processus a vraiment été lancé à ce moment là ou s’il y avait déjà des tractations en coulisses bien avant. Cela expliquerait peut être pourquoi l’on nous ait mal répondu. Ce qui est certain, c’est qu’un processus de ce type prend 6 mois lorsqu’on fait bien les choses, et 4 mois et demi lorsqu’on les fait mal.
Un audit financier est mené depuis plusieurs mois par Dominique Bernard, est-ce le signe d’un processus de vente engagé dès son arrivée ?
Est-ce gênant pour un repreneur de finaliser une reprise en cours de saison ?
Thierry Granturco : Oui, c’est très compliqué, puisqu’il ne reste plus que la fenêtre du mercato hivernal pour travailler, on perd presque un an. Si on a un investisseur qui a une calculette à la place du cerveau, il ne le fait pas car il sait que la première année est perdue. S’il s’agit d’un investisseur qui a également une écharpe de l’OM autour du cou, il acceptera peut-être que la première année soit une année de transition, de communication. Il acceptera d’abandonner financièrement ce qu’il peut investir en terme d’image. Si c’est un investisseur du Moyen Orient par exemple, l’image sera plus importante que le résultat financier.
Propos recueillis par Benjamin Courmes