CHRONIQUE – CARTE BLANCHE POUR MATT
Chaque mardi, Matthieu Franceschi, l’un des supporters olympiens les plus influents de ces dernières saisons, a carte blanche. Cette semaine, l’ex porte-parole des South Winners revient sur les nombreuses contradictions qui alimentent l’actualité olympienne ces dernières semaines…
On ne compte plus les purges, les mauvais résultats, tout ceci est habituel et était très largement prévisible pour tout observateur objectif dès la fin août. Pas besoin de sortir d’une grande école ou d’avoir une grande expérience footballistique pour deviner, à l’époque, que cet effectif incohérent concocté par Vincent Labrune, entre les nombreux départs, les dernières années de contrat et les nombreux prêts, allait exploser en plein vol à la moindre difficulté rencontrée.
Ce qui était par contre imprévisible ce sont ces accumulations de mensonges qui ridiculisent chaque jour la maison olympienne comme si les supporters ne souffraient déjà pas assez de la déroute sportive. Des communiqués de l’OM mensongers, des informations contradictoires distillées dans la presse par ces fameuses sources « proches du club » qui stratégiquement sèment le trouble… Tout est fait pour ne plus rien y comprendre. Celui qui tire toujours les ficelles est peut-être celui que certains ont trop vite enterré, volontairement ou naïvement.
Le cas Michel
Ce mardi 19 avril, l’OM a encore connu une situation rocambolesque avec la mise à l’écart de l’entraîneur Michel, la veille de la demi-finale de la coupe de France à Sochaux.
Magnifique timing.
Dans son communiqué, le club blâme Michel pour son comportement : « Compte tenu du comportement de Michel, notamment durant ces trois dernières semaines, la SASP Olympique de Marseille l’a suspendu avec effet immédiat et convoqué à un entretien préalable. »
Nous ne rêvons pas, il est bien écrit « trois semaines ». Pourtant, le 5 avril dernier, soit il y a deux semaines, Margarita Louis-Dreyfus était ravie de Michel et confortait sa place sur le banc : « En ce qui concerne le court terme, je suis rassurée par le professionnalisme et la volonté de Michel de mener à bien cette fin de saison, avec toute sa force et son énergie. Je suis convaincue qu’avec ses qualités de compétiteur au plus haut niveau et sa grande expérience, il va permettre aux joueurs de s’exprimer pleinement sur le terrain sans peur ni stress afin de finir honorablement ce championnat et, pourquoi pas, remporter la coupe de France. »
Si nous remontons au 18 mars, après l’humiliante défaite face à Rennes dans une ambiance délétère, Vincent Labrune disait après le match sur Infosport+ : «Ce sera avec lui, de toutes façons. Avec Michel, on est parti ensemble, on va finir ensemble. » Une déclaration bien réfléchie pour faire semblant de soutenir Michel alors que dans la presse, depuis plusieurs semaines, le président olympien faisait passer indirectement des messages par l’intermédiaire de journalistes complices, comme au bon vieux temps de Marcelo Bielsa.
Une accumulation de mensonges et de manipulations autour du cas Michel. Par l’intermédiaire des « sources proches du président », Labrune a pointé du doigt son fusible Michel pour le fiasco sportif, puis MLD pour ne pas avoir licencié Michel.
Mais n’oublions pas le départ de tout cela…
C’est bien Vincent Labrune qui a mis en place l’un des pires entraîneurs de l’histoire olympienne en le choisissant parmi « une quarantaine d’offres de service » comme il se vantait en septembre, dans L’Équipe Magazine, où il faisait un magnifique portrait de l’espagnol : « Parler foot avec Michel, ça me plait (…) C’est une belle rencontre avec un mec charmant, hyper motivé. Il a regardé les six derniers matches de l’OM, schémas tactiques à l’appui, analyse joueur par joueur. Ça me bluffe. (…) J’ai choisi un nom connu et un coach porteur d’une philosophie de plaisir et de spectacle. » Une surmédiatisation voulue de l’espagnol par le « board », pour faire oublier la gestion catastrophique du dossier Bielsa, avec la scandaleuse expression soufflée à l’oreille des journalistes que nous avons pu retrouver dans différents médias : « Michel, l’anti-Bielsa ».
La vente de l’OM
Quoi de mieux pour endormir les supporters que de parler d’une vente les jours suivant un mauvais résultat olympien ? Les rumeurs au timing troublant se sont succédées. Attention, je ne dis pas qu’une vente n’est pas à l’ordre du jour, le club est en vente depuis la nuit des temps. Mais l’instrumentalisation médiatique a toujours été, pour moi, un écran de fumée bien organisé par certaines personnes du club qui ont l’habitude de distiller infos et rumeurs à certains journalistes à leurs bottes, pour détendre l’atmosphère et faire oublier la réalité sportive.
Puis il y a eu ce premier communiqué de MLD démentant une possible vente, le 12 février 2015, le même jour que la sortie d’une interview incisive de Louis Acariès dans La Provence : «Depuis quelque temps, on lit dans la presse un certain nombre d’informations (non confirmées) sur une possible vente de l’OM. Comme ces rumeurs ne cessent de grossir, j’ai décidé d’y apporter la réponse suivante : Je ne suis pas à la recherche d’un acheteur pour l’OM. »
Un mois plus tard, après une énième contreperformance face à Bordeaux au Vélodrome, le club continue de s’enfoncer dans la crise. L’heure est grave. La situation est explosive avec des supporters voulant plus que tout la tête de Vincent Labrune. Face à l’urgence, MLD va carrément dire, le 13 avril 2015, l’inverse de son premier communiqué : « Je comprends la frustration de ne pas voir l’OM pouvoir être compétitif à ce niveau et je vous informe que j’ai pris la décision de céder le club au meilleur investisseur possible pour le long terme. »
Labrune et son avenir
A « L’Olympique des Menteurs », bien évidemment, Vincent Labrune est roi. Je ne vais pas ressortir ses plus beaux mensonges sous sa présidence, je vous laisse jeter un coup d’oeil au fameux hashtag que j’ai créé il y a quelques temps sur Twitter : #Labruneamenti .
A part deux ou trois illuminés (ou employés), tous les supporters marseillais espèrent le départ au plus vite du président olympien. Les deux derniers matches au Vélodrome ont été très mal vécus par le clan Labrune, principale cible vocale des supporters. Mais l’homme ne lâchera pas son poste.
Certains estimaient depuis quelques jours que Vincent Labrune avaient perdu la main. Ce mardi 19 avril devrait les interpeller car la mise à l’écart subite de Michel et le scénario de la journée montre bien que l’orléanais tire encore quelques ficelles.
Dans un premier temps, nous apprenons, à travers différents médias, que Vincent Labrune pourrait rester pour faire la transition avec d’éventuels repreneurs. Puis ce mardi, on nous dit, tout en restant très vague, que la transition serait finalement effectuée par Xavier Giocanti avant que MLD, en début d’après-midi, dans un nouveau communiqué, vienne démentir cette rumeur en confortant à son poste Vincent Labrune : « Je démens catégoriquement les informations parues ce jour dans le journal L’Equipe sur le remplacement de l’actuel Président de l’OM. Je suis très surprise et déçue que la presse se permette de me prêter des annonces sans fondement telles que la nomination de Monsieur Giocanti comme futur Président du club. »
Même la presse ne sait plus à qui se fier dans cette avalanche de mensonges répétitifs.
En brouillant les pistes à travers mensonges et manipulations, Vincent Labrune est en train de gagner du temps. Il espère des jours meilleurs avec un maintien en Ligue 1 assuré et une finale de coupe de France qui lui permettraient, peut-être, de voir les tensions contre lui s’estomper.
Au fond de lui, il doit toujours avoir l’espoir, même si tout Marseille le déteste, de rester à la tête du club avec des investisseurs. Il ne lâchera pas tant que cela restera possible.
Je le pense. J’espère me tromper. Car je n’ose imaginer qu’un homme qui a fait autant de mal au club puisse rester dans une nouvelle page de l’histoire olympienne.
Les mensonges et l’incompétence sont des maladies transmissibles.
La vente, si vente il y a, doit être saine pour ne pas être contaminée de l’intérieur.
« L’Olympique des Menteurs » doit disparaître et laisser de nouveau place à l’Olympique de Marseille.
Matthieu Franceschi.
@FranceschiMatt
