Sarr: « Casser nos voitures, brûler nos maisons… par FootballClubdeMarseille
Il n’aura joué que deux ans à l’Olympique de Marseille mais il aura contribué à écrire l’une des plus belles pages de l’histoire du club. Finaliste de la Coupe de l’UEFA en 1999, Stéphane Porato restera comme le gardien qui aura réussi à détrôner Andréas Köpke, pourtant l’un des meilleurs du monde à l’époque. Malgré une fin d’aventure assez mitigée avec le club marseillais, l’ancien international français n’a rien oublié de son passage dans la cité phocéenne. Entretien…
Stéphane Porato, vous êtes arrivé en 1998 à l’Olympique de Marseille. Que retenez-vous de cette première saison absolument exceptionnelle que vous avez pu vivre à l’OM ?
S.P: « C’est vrai qu’elle a été très belle pour le club et pour moi. A la base, je n’étais pas arrivé comme un titulaire indiscutable mais au bout du compte, j’avais réussi à gagner ma place. Et puis ça s’est terminé avec cette finale de la Coupe de l’UEFA. Je pouvais difficilement rêver mieux pour une première saison. »
A votre arrivée, vous deviez être la doublure d’Andréas Köpke. Finalement, vous êtes parvenu à lui prendre sa place…
S.P: « Oui, c’est vrai. Surtout que quelques mois avant, il avait été élu meilleur gardien de l’Euro avec l’Allemagne. C’était quelqu’un qui avait énormément d’expérience et de qualités. Mais en plus d’être un très grand gardien de but, c’était une personne humainement adorable. J’avais de très bons rapports avec lui. »
Lors de votre passage à l’OM, vous avez été sélectionné en Equipe de France à une reprise. C’est quelque chose qui vous a marqué ?
S.P: « Bien sûr. J’ai commencé à intégrer le groupe au milieu de ma première saison. J’avais été appelé une douzaine de fois pendant les éliminatoires de l’Euro 2000 et c’est contre la Croatie que j’ai eu ma première et unique sélection. C’était un grand moment. »
Cette finale perdue (3-0) contre Parme en Coupe de l’UEFA est le pire souvenir de votre carrière ?
S.P: « Non, pas du tout. On était arrivé très diminué en finale après les événements que tout le monde connait face à Bologne. On avait perdu quatre ou cinq joueurs qui étaient suspendus pour ce match. Et puis cette année là, quand on regarde les joueurs de Parme, c’est juste effrayant. Je pense qu’à ce moment là, il y avait une vraie différence entre Parme et nous. Personne ne nous attendait là, on avait une belle équipe mais surtout, on était vraiment une bande de copains. Il y avait énormément de cœur et de joie dans ce groupe. C’est ce qui nous a permis d’aller loin dans cette compétition. »
L’Olympique de Marseille est en crise depuis plusieurs semaines, avec un paroxysme vendredi dernier au Vélodrome. L’attente du public marseillais était-elle la même à votre époque ?
S.P: « Je pense qu’elle était même plus importante, dans le sens où on avait beaucoup d’internationaux. Aujourd’hui, les supporters sont déçus par le classement et le jeu mais quand on reprend les noms qu’il y avait à l’époque et même avant, je pense réellement que l’attente était encore plus grande qu’actuellement. »
Comment expliquez-vous ce parcours catastrophique de l’OM à domicile ?
S.P: « Je ne sais pas, c’est dans le caractère des joueurs. A mon époque, c’est clair que la pression était forte mais comme on gagnait et que l’équipe avait une dynamique positive, la pression l’était également. Même si les supporters attendaient beaucoup de nous, on leur donnait également beaucoup au niveau des résultats. Toute cette énergie était positive alors qu’aujourd’hui, elle est négative. L’impression que ça me donne, c’est qu’il y a un ras le bol général. Après, est-ce qu’il est justifié ou pas ? Je ne suis pas assez au cœur de Marseille et du club pour pouvoir me prononcer. »
Cette situation vous attriste ?
S.P: « Pour le club et les supporters, c’est clair que ça me fait mal. Surtout que je suis persuadé que les joueurs donnent le meilleur d’eux-mêmes. Malheureusement, aujourd’hui, ils sont dans une spirale défavorable et c’est très compliqué d’en sortir. Quand en plus de ça, on n’a pas le soutien de son public parce qu’il en a marre, c’est très pesant. »
Il y a quelques jours, Pape Diouf a invité Vincent Labrune à démissionner. Qu’en pensez-vous ?
S.P: « Déjà, je n’ai jamais eu le poste de Pape Diouf pour me permettre de juger Vincent Labrune. Si aujourd’hui, les supporters demandent sa démission, c’est à cause de ce ras le bol général. Depuis quelques saisons, ils n’ont pas une équipe qui leur ressemble. On juge un président sur ces résultats et c’est vrai qu’aujourd’hui, ils ne sont pas en adéquation avec ce que l’OM représente dans le football français, voire européen. Il y a forcément des bilans à faire. Après, je répète que je ne me permettrais pas de juger Vincent Labrune. Je n’en ai ni les compétences, ni le recul nécessaire pour le faire. »
Vous avez dit que les supporters attendaient une équipe qui leur ressemble. Des joueurs comme Gignac ou Ravanelli manquent à cet OM actuel ?
S.P: « C’est toujours important car dans une équipe, il y a les besogneux et les talentueux. C’est ce savant mélange des deux qui fait la qualité d’un effectif. Après, ça m’étonnerait que les joueurs qui sont sur le terrain ne se dépouillent pas. J’ai vraiment l’impression qu’ils donnent leur maximum, même si la situation actuelle ne leur permet peut-être pas d’être dans les meilleures dispositions. Mais je ne vois pas un seul joueur dans tous les championnats, et surtout à Marseille, qui ne donne pas tout sur le terrain. Parfois, il y a des situations qui font penser que l’on pourrait faire plus à un moment précis mais c’est compliqué. »
De nombreux anciens comme Eric Di Meco se disent inquiets pour l’avenir plus ou moins proche de l’Olympique de Marseille. C’est également votre cas ?
S.P: « Oui et non. C’est inquiétant sur le très court terme parce qu’on se dit qu’hormis avec la Coupe de France, il y a de très fortes chances que l’OM ne participe pas à une compétition européenne la saison prochaine. On sait également qu’en l’état actuel des choses, le club ne fera pas de folies au niveau des transferts. Donc oui, à court terme, on peut être inquiet. Après, je pense que c’est un club qui survivra à tout, il l’a déjà montré par le passé. L’OM, c’est un phénix, quand on le croit mort et enterré, il renait de ses cendres. C’est pour cela que sur le moyen et long terme, je n’ai aucune inquiétude pour l’Olympique de Marseille. »
Propos recueillis par Bérenger Tournier