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Replay: « Michel, tu vas être le fusible parfait de ton président »

Par La Redaction FCM - Mis à jour le - Publié le
MICHEL - 10.01.2016 - Marseille / Guingamp - 20eme journee de Ligue 1 Photo : Gaston Petrelli / Icon Sport

 

REPLAY de la CHRONIQUE – CARTE BLANCHE POUR MATT

 

Chaque mardi, Matthieu Franceschi, l’un des supporters olympiens les plus influents de ces dernières saisons, a carte blanche. Cette semaine, l’ex porte-parole des South Winners s’adresse à l’actuel entraîneur de l’Olympique de Marseille, Michel Gonzalez…

 

Michel,

 

J’ai la chance d’être aujourd’hui un supporter à qui l’on donne la parole dans un média consacré à l’actualité de l’OM. J’en profite alors pour t’interpeler directement. Je vais quand même rapidement me présenter. Mon premier abonnement au Virage Sud date de 1998. J’ai eu la chance d’intégrer le noyau des « South Winners » en 2009, de contribuer à la vie associative de ce groupe de supporters et, du coup, de connaître l’OM de l’intérieur. J’ai notamment terminé les deux dernières saisons par deux « Grand Chelem » et j’ai réalisé les plans de certains tifos qui ont marqué les esprits, dont le dernier en date, dans une ambiance électrique, lors du fameux OM vs Lyon que tu as vécu, le 20 septembre dernier. Si je me permets donc de t’interpeler, c’est que j’ai un vécu pour me l’autoriser.

 

Depuis début novembre, j’ai décidé de déserter le Stade Vélodrome et de quitter les « South Winners ». La cohabitation était de plus en plus difficile, je n’acceptais plus la passivité de mon groupe vis à vis de ton président, qui, depuis cinq ans, affaiblit l’Olympique de Marseille et réussit l’exploit de creuser encore et toujours. Cette décision a été prise bien avant la descente aux enfers prévisible de ton équipe, tu n’es donc pas responsable de l’arrêt brutal de ma passion, au moins cela.

 

Du coup, au vu de la situation actuelle, j’ai un ratio, sous l’ère Michel, assez incroyable car j’ai assisté à trois matches de championnat au Vélodrome dont deux victoires ! Les deux seules puisque tu es rentré dans l’histoire du club avec un record en cours qui sera certainement éternel avec, à ce jour, douze matches consécutifs sans victoire en championnat au Stade Vélodrome : Lyon, Angers, Lorient, Nice, Monaco, Montpellier, Ajaccio, Guingamp, Lille, Paris, St Etienne et Toulouse. Ça pique les yeux ! Belle performance dans un stade de 67 000 places qui était encore, la saison dernière, l’un des stades les plus bouillants d’Europe !

 

Depuis mon départ, j’assiste devant mon poste de télévision à ce qui était largement prévisible et ce, quel que soit l’entraîneur. Chambouler un effectif à ce point est une preuve, avant tout, de l’incompétence de celui qui a géré, tout seul, le recrutement. Car si l’effectif a été autant bouleversé, en dehors de l’actionnaire qui a coupé les robinets car elle ne veut plus combler les trous, c’est avant tout à cause d’une gestion financière catastrophique d’un président qui navigue à vue.

 

Mais ce projet en bois, tu l’as accepté, tu connaissais l’effectif et les conditions avec le départ de ton prédécesseur au soir de la première journée… À moins que ton arrivée soit actée depuis fort longtemps et que ton président ait mis plus de temps que prévu pour pousser Marcelo Bielsa vers la sortie. Selon mes informations, tes premiers contacts avec Labrune remonteraient à janvier. Selon toi, à juin. Selon un Labrune « abasourdi », juste après le départ de Bielsa. Quoi qu’il en soit, lors de la signature de tes deux années de contrat, le contexte était bien planté.

 

C’est pour cela que je trouve insupportable d’oser prendre comme excuse, pour justifier le parcours chaotique de ton équipe, même six mois plus tard, le fait que tu sois arrivé à la troisième journée avec deux défaites au compteur. Pourquoi signer ton contrat si tu trouvais cet handicap insurmontable ? Ce n’est pas un handicap, c’est une fausse excuse et l’occasion, avec ton président, de mettre la faute de votre gestion sportive sur le dos de Marcelo Bielsa.

 

Pour trouver des explications à tes résultats sportifs, l’imagination va bon train. Le mot « autocritique » est apparemment absent de ton vocabulaire. Depuis des mois, les excuses irrecevables sont les mêmes : « On a tout essayé », « On n’a pas de chance », « On a fait les efforts nécessaires », « On progresse »… Il est loin le temps où l’entraîneur argentin de l’Olympique de Marseille se tenait lui-même responsable des contre-performances de l’équipe en conférence de presse, n’accusant jamais ses joueurs. Toi c’est tout l’inverse. La principale cible, les joueurs. Sur un ou deux matches, je veux bien. Ce sont eux sur la pelouse et certains ont les pieds carrés, certes. Mais depuis le début de la saison, ce comportement est très contreproductif. C’est la faute aux joueurs les coachings invraisemblables ? C’est leur faute l’absence de fond de jeu, de cohésion, d’équilibre ? Car même si on peut leur reprocher parfois un manque d’implication, le chef d’orchestre n’est-il pas responsable de la faiblesse mentale de l’effectif ? La fracture avec tes joueurs est inévitable et ta politique de communication va rapidement te revenir en pleine face.

 

Mais tu as réussi à faire encore plus fort. Selon toi, les joueurs ne gagnent pas à domicile à cause de la pression du Stade Vélodrome. Comment peux-tu dire une chose pareille ? D’une part le stade se vide de match en match, d’autre part vous avez la chance de jouer dans un stade étrangement patient cette saison. Le Stade Vélodrome, son histoire, son ambiance ont toujours été un facteur positif pour transcender les joueurs olympiens. Ce sont les adversaires qui ont, en temps normal, la pression. Encore une excuse irrecevable pour masquer tes lacunes et celles de ton effectif qui, contrairement encore à ce que tu ne cesses de prétendre, n’est pas composé exclusivement de joueurs sans expérience.

 

Saches que si les supporters ne chantent pas des « Michel démission », ce n’est pas car « ils apprécient ton travail » comme tu oses le faire croire, c’est surtout qu’il y a plus grave que toi à l’OM avec Vincent Labrune qui occupe l’esprit des supporters qui souffrent de voir leur club mourir. Mais d’après moi, la donne devrait changer après ta déclaration de dimanche : « J’ai entraîné d’autres équipes où parfois les fans créaient un climat d’insécurité, ce n’est pas le cas à l’OM. »

 

Pour en terminer avec ta communication insupportable, le tweet dans ta langue natale qui est intervenu après l’élimination à Bilbao, « L’entraîneur est toujours seul », résume parfaitement ta mentalité. Dès les premières conférences de presse, tu as renvoyé l’image d’un homme superficiel. Je sais que la comparaison te rend fou, mais l’entraîneur n’est pas toujours seul, le plus bel exemple est l’homme que tu as remplacé qui avait, même lors d’une défaite, la majorité du peuple derrière lui. Donc la prochaine fois, précise : « Je suis toujours seul ». Après, c’est sûr qu’au sein du club, tu vas être bien seul. N’étant pas aimé des supporters, tu vas être le fusible parfait de ton président. Tu seras, comme d’autres avant toi, l’unique responsable de cette horrible saison pour l’opinion publique. La machine bien huilée est déjà en route depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux et à travers des articles de presse. Bien évidemment, ton président te fera croire que tu n’es pas menacé, c’est un grand classique.

 

Quand je repense à la mise en scène de Vincent Labrune lors de ton arrivée pour faire oublier Bielsa… Il a osé nous faire croire que tu étais « un coach porteur d’une philosophie de plaisir et de spectacle », que tu avais « regardé les six derniers matches de l’OM, schémas tactiques à l’appui, analyse joueur par joueur » ou que tu avais « des qualités au-dessus de la moyenne pour entrainer en Ligue 1. » Je me demande parfois s’il t’a choisi pour tes compétences sportives ou pour ton image devant les journalistes heureux de ton arrivée comme en témoignent certains titres : « Michel, l’anti-Bielsa. Rafraîchissant. » L’homme gentil, bien habillé et surtout qui sourit aux journalistes, loin des clichés de ce vilain argentin en survêtement, le regard baissé qui parlait uniquement football en conférence de presse au lieu de faire de la communication. Pour être « rafraîchissant », c’est « rafraîchissant », c’est une « douche froide » pour les supporters.

 

Je suis curieux de savoir le dénouement de ton aventure marseillaise. Nous le saurons bientôt. Même si un miracle arrive avec la Coupe de France, la donne ne changera pas. Une chose est sûre, c’est qu’il te restera une année de contrat. Tu sortirais grandi d’une démission en assumant ta part de responsabilité. Mais tu ne le feras pas comme tous les coachs, car l’institution OM ne représente rien pour toi, une simple étape pour faire de la communication dans ton pays, même si les résultats sont mauvais. Des entraîneurs qui ne signent qu’un an et qui partent pour zéro euro, il n’y en a pas deux. Tu toucheras ton chèque, comme tous le touchent une fois remerciés, après de mauvaises performances. C’est la loi des contrats des entraîneurs. Ta vraie indemnité restera certainement secrète. Finalement, tu ne sortiras pas perdant de cette aventure car l’argent est le nerf de la guerre, mais pas grandi non plus. Les grands perdants seront une nouvelle fois tous ces supporters de l’Olympique de Marseille pris en otage par une actionnaire et des dirigeants incompétents.

 

Et le pire est peut-être à venir !

 

Si je dois résumer en une phrase ton passage à l’OM : « Tu avais un Vélodrome plein à craquer en arrivant, tu l’auras laissé vide en partant. »

 

Cordialement.

 

Matthieu Franceschi

@FranceschiMatt

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