« Je ne veux pas que mon équipe joue et pense comme une petite équipe ». Les mots de Michel en conférence de presse d’après match raisonnent et encore dans ma tête au lendemain de la défaite de l’OM face au PSG (1-2), le huitième revers consécutif contre Paris toute compétition confondue.
L’OM avait déjà perdu huit fois d’affilé contre le PSG dans les années 2000, mais l’écart entre les deux clubs n’a jamais paru aussi grand. Après un début de saison raté, les hommes de Michel se déplaçaient au Parc pour prendre une correction. En réalisant leur meilleur match de la saison ils ont finalement perdu avec les honneurs. Voilà exactement le raisonnement que Michel ne veut pas voir chez ses joueurs: Se satisfaire d’avoir chatouillé une grosse équipe, et être inconsciemment soulagé de ne pas avoir pris la fessée tant annoncée…
Le PSG n’évolue plus dans la même dimension que tous les autres clubs de Ligue 1, c’est une réalité à laquelle les supporters marseillais doivent dorénavant s’habituer, et si les groupes de supporters n’ont pas fait le déplacement à Paris, c’est aussi pour cette raison. Il joue aujourd’hui dans la cours des grands clubs européens comme l’OM a pu le faire dans les années 90. Mais l’Olympique est-il devenu pour autant un « petit club » ?
Lorsque je parcours le classement de Ligue 1 ce lundi matin, Marseille se retrouve à la 16e place du classement à 15 points du PSG après seulement neuf journées de championnat. Si ma réflexion s’arrête là, la réponse est alors toute trouvée. Je dois également rapidement sortir de mon esprit ce double changement à 70e minute dimanche soir lorsque Dja Djédjé rentre la place de De Ceglie et qu’ Ocampos remplace Barrada, alors qu’au même moment, Ibra laisse sa place à Pastore.
Je ne peux pas tout ramener au PSG, ce serait une erreur, et je le sais, mais je ne peux pas non plus toujours me rassurer en me remémorant que l’OM était la meilleur équipe d’Europe en 93. Alors que vaut l’OM aujourd’hui ? Après un enthousiasme débordant lors de sa prise de fonction, Michel a rapidement déchanté et demande à juste titre du temps pour reconstruire une équipe complètement chamboulée et traumatisée par le départ inattendu de leur « leader », Marcelo Bielsa.
Si un gouffre s’est creusé avec le PSG, l’écart de niveau semble par contre s’être étrangement resserré entre l’OM et les tous les clubs de Ligue 1, un nivellement par le bas en somme. Voila d’ailleurs l’indicateur qui m’inquiète le plus. Marseille est en reconstruction, certes, mais les défaites successives face à Guingamp, Caen, Reims, Angers, ou encore Liberec montrent surtout que Marseille n’a plus de marge par rapport à ces clubs dont les budgets sont 4 à 5 fois inférieurs à celui du club phocéen. Je me rappelle également que sur les trois dernières saisons l’OM n’a remporté que deux « gros » matchs (Monaco en mai 2015 et Lyon en 2014).
Il y a 5 cinq ans, l’OM était Champion de France avec Didier Deschamps, et figurait chaque année en 8e de finale de la Ligue des champions. En 2012, un contrôle du dos de Brandao permettait à Marseille de disputer un quart de finale de C1. Depuis, l’Olympique semble inexorablement régresser au point de devenir un club sans la moindre ambition nationale et encore moins européenne.
Il est deux heures du matin, le chauffeur de taxi venu me récupérer au Parc des Princes relance un vieux serpent de mer. « Je ne comprends rien à ce que fait l’OM, depuis des années en matière de mercato », me lance-t-il. Ma réponse sera des plus triviales: « Il est difficile de recruter de grands joueurs sans mettre les moyens financiers ». « C’est certain, me répond-il, mais tant que ce club ne sera pas vendu, il ne s’en sortira pas».
Cette discussion, il me semble l’avoir eu des centaines de fois. La vente du club, l’ultime fantasme. Les supporters marseillais veulent leur Qatar à eux pour se remettre à « rêver plus grand ».
Cette déclaration de Michel est donc tout sauf anodine. Quand Marseille monte au Parc il s’y rend désormais dans la peau d’une équipe pour qui un match nul serait déjà un exploit. Mais l’OM est-il devenu un petit club pour autant ? Je dirais qu’il a surtout instantanément rendu les armes en trouvant le prétexte idéal pour abandonner toute ambition au lendemain de l’arrivée du Qatar au PSG. Le club français le plus titré semble être maintenu sous respiration artificiel en attendant l’arrivée un d’homme providentiel capable de le ramener à la vie. Fataliste, je me range derrière la masse attendant des jours meilleurs…